Elle aime le jaune et l’orangé. Alors Victoria Maria Geyer en a fait des soleils. D’abord avec ses crayons sur des feuilles de papier. Puis ses dessins sont devenus motif. Baptisé Sunny, c’est la maison Pierre Frey qui vient de l’éditer et de le décliner brodé main sur une toile de coton, imprimé sur un papier peint ou encore tissé en tapis de laine. C’est la deuxième collection que la décoratrice et architecte d’intérieur belge réalise avec Frey. La première, c’était en 2018 et Victoria Maria Geyer avait alors imaginé des serpents brodés, pour une ligne intitulée Venimeuses.
Fonctionner à l’instinct
« Frey, c’est la maison que je privilégie pour mes chantiers, car les tissus sont increvables et la palette de propositions quasi infinie », confie Victoria Maria Geyer. Alors, un jour, elle a sauté le pas. Direction la rue des Petits Champs, à Paris, pour montrer ses créations à Patrick Frey, qui chapeaute l’entreprise familiale. Le duo était sur la même longueur d’onde. Et la série Venimeuses a vu le jour. Ils fonctionnent à l’instinct tous les deux. Quand le courant passe avec quelqu’un, ça suffit pour amorcer le début d’une histoire, d’une aventure. C’est comme ça que la décoratrice a recruté le graphiste qui signe désormais ses images 3D : il est autodidacte, le rendez-vous s’est fait via les réseaux sociaux et le jour J, elle a été bluffée par la créativité de celui qui s’est formé sur le tas, sur le Web, faute de moyens pour intégrer une école. Il y a de l’humain chez Victoria Maria Geyer. Ça se sent et ça se voit dans son travail. Elle parle d’esprit d’équipe et de complicités au sein de l’agence qu’elle a créée en 2008, à Bruxelles.
Bouger les meubles
Ses parents voulaient qu’elle fasse des études d’économie : « Je ne sais compter que jusqu’à 100 ! » Plutôt qu’une fac d’éco, Victoria Maria Geyer a donc préféré intégrer une école de journalisme à Bruxelles. Et la déco ? « Depuis toute petite, je bouge les meubles d’une pièce à une autre, d’un espace à un autre. » C’est comme ça qu’elle a l'idée de réaménager sa coloc d’étudiants. Ça plait, ça lui plait. Alors au lieu de chercher un stage dans une rédaction, elle va travailler quelques temps dans un bureau d’architectes, avant de monter sa boîte à l’âge de 27 ans.
Multiplier les essais
Précise, méticuleuse, bosseuse, elle voyage beaucoup, parle cinq langues et apprécie la rigueur dans le boulot. Pour résumer sa collaboration avec la maison Frey, Victoria Maria Geyer parle d’ailleurs de « savoir-faire et quête de la perfection ». Elle insiste aussi sur « le respect du créateur » : « On a multiplié les essais sur du lin, du coton ou encore du velours… On a cherché la matière qui allait le plus mettre en valeur le dessin, tout en me demandant mon avis tout au long du processus de fabrication. »
Donner des prénoms
En marge de ses esquisses colorées et autres carnets de chantiers en cours, Victoria Maria Geyer vient de terminer sa première collection de pièces de mobilier, fabriquées à Porto. Tables, assises et canapés, qui portent tous des prénoms - Clarence, Pénélope, Diane, Joséphine, Honoré… -, seront présentés en septembre prochain. Une activité de plus pour cette créatrice qui sourit à la vie, en dépit des lourdeurs de la période actuelle. Prendre un café en sa compagnie, dans le salon de l’Hôtel de l’Abbaye à Paris, a été une récréation. Une bouffée d’air. Un rayon de soleil.
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