Poser un ton et regard sur ce et ceux qui nous entourent… C’est sans doute cela qui a rapproché le salon Photo Doc d’1 Epok formidable. Depuis 2015, Photo Doc se penche sur « les nouvelles écritures de la photographie documentaire ». Depuis 2008, 1 Epok formidable va voir l’ailleurs et va vers les autres… De quoi trouver un terrain d’entente entre le salon et le webzine. D’où le partenariat amorcé cette année. Avec en toile de fond, le thème de « la transmission ». Transmettre des points de vue, des idées, mais aussi quelques clés pour regarder autrement notre société.

Partenaires particuliers

La transmission, c’était le thème retenu par Photo Doc pour son édition 2024, du 4 au 7 novembre derniers à l’Hôtel de l’Industrie, à Paris. Événement inscrit au festival Photo Days et rythmé par une vingtaine de projets exposés, il était soutenu par Picto, l’Observatoire des nouvelles écritures de la photographie documentaire et le GIS « Le sujet dans la cité » de Sorbonne Paris Nord-Campus Condorcet. 1 Epok formidable et le CELSA-Sorbonne Université sont venus compléter la liste des partenaires, avec la série de textes et photos intitulée « Femmes de com’ ». Il s’agit d’une galerie de 10 portraits de communicantes, tel un instantané d’une profession - encore majoritairement féminine - confrontée à l’arrivée des réseaux sociaux et, avec eux, à une information qui fait désormais le tour du monde en moins de 2 heures… Et ça change tout. Ça chamboule tout. Du traitement de l’actualité jusqu’à celui de l’image. Tout doit aller vite. Très vite. Pour rester endurant. Pour se maintenir dans la course.

« Regarder au-delà des images… »

Rien n’a été pensé ni mené par hasard. Lorsque Charlotte Flossaut, co-fondatrice de Photo Doc avec son complice Valentin Bardawil, a sollicité 1 Epok formidable durant l’été dernier, la convergence des mots, des propos, des idées, a d’emblée été une évidence. Car, d’un côté comme de l’autre, bon nombre de réflexions et de projets sont liés à une démarche universitaire et partagés avec des enseignants-chercheurs. À l’instar de la série « Femmes de com’ », désormais soumise à l’analyse de Guillaume Le Saulnier, maître de conférences au CELSA-Sorbonne Université. Même scénario entre Photo Doc et l’Observatoire des nouvelles écritures de la photographie documentaire. Ce partenariat permet à l’universitaire Christine Delory-Momberger et à Valentin Bardawil d’échanger avec une pléiade de photographes. Ce qui a encore été le cas lors de l’édition 2024 de Photo Doc. À titre d’exemple, la conversation menée avec Françoise Huguier a permis d’évoquer son livre intitulé J’avais huit ans (Actes Sud). Un ouvrage consacré au voyage « en apnée » qu’elle a fait en 2003 au Cambodge, sur les traces de l’enfant qu’elle était en 1950, lorsqu’elle a été enlevée, avec son frère, par le Viêt-Minh et les Khmers Issarak. Christine Delory-Momberger voit, ici, une façon de « regarder au-delà des images », « là où il y a une histoire qui se révèle ou est en train de se révéler ».

Kermesse à Vitry - 1965 - ©Eva Rodgold - Galerie Eliacheff / Photo Doc 2024

Commandes et cartes blanches

Photo Doc, c’est aussi un lien fort avec le festival Photo Days. Si le second accueille le premier depuis 2019, c’est parce que les deux événements partagent une même dynamique, calée sur l’audace et la curiosité. Photo Days ose, en effet, investir des lieux inattendus, tel que la Gaîté Lyrique, la Sorbonne ou encore un cinéma… Quant à la curiosité, Emmanuelle de l’Ecotais, fondatrice et directrice artistique du festival parisien, n’en manque pas. « Ces 5 dernières années de commandes de photos et de cartes blanches offertes à des photographes viennent de faire l’objet d’un premier catalogue, riche d’une trentaine de productions », détaille celle qui a été conservateur pour la photographie au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris de 2001 à 2018. Avec des choix singuliers. Elle vient ainsi d’exposer, durant un mois au Carrousel du Louvre, une série d’images réalisées par Juliette Agnel, partie tout un été en immersion dans le Jardin d’Essai de la Fondation Zinsou, au Bénin. Bluffant et primordial pour témoigner du changement climatique survenu en Afrique de l’ouest voilà 4 500 ans…

Snow White - ©Diana Lui - Galerie Huit Arles / Photo Doc 2024

Tireur d’élite

Enfin, Photo Doc et le laboratoire Picto font cause commune. « Parce que nous nous sentons proches de la réflexion en profondeur menée par ce salon sur la photographie documentaire », explique Victor Gassmann, membre du comité de direction de Picto, labo photo fondé par son arrière-grand-père en 1950. Une histoire de famille et de transmission – encore –. « La photo documentaire fait partie de notre ADN, reprend Victor Gassmann. Car Picto était le labo photo de l’agence Magnum, connue pour ses grands reporters qui sillonnaient le monde. » Aujourd’hui, il travaille avec son père et, ajoute-t-il, « transmettre notre savoir-faire, c’est essentiel pour la pérennité de notre entreprise ». Et pour cause : aucune école ne forme plus au métier de tireur… d’élite. « Or, il faut 5 à 10 ans pour maîtriser tous les gestes », souligne Victor Gassmann. Si bien que Picto, Entreprise du patrimoine vivant (EPV), a mis en place un dispositif de compagnonnage intergénérationnel, « poste par poste ». Un engagement au service d’un artisanat précis et précieux.

Travail de terrain

La série « Femmes de com’ », initiée par 1 Epok formidable et soutenue par le CELSA-Sorbonne Université, fait écho à l’esprit Photo Doc. Avec un travail de terrain, des rencontres, des échanges, une envie de raconter, montrer, démontrer… D’où la poursuite du partenariat avec le salon jusqu’à la masterclass consacrée aux « Femmes de com’ », prévue le 13 mars 2025 au 24e étage de la tour Zamansky-Sorbonne Université, à Paris. L’occasion d’écouter ces communicantes « transmettre » une histoire, un parcours, un discours. Une prise de parole face à un public qui sera composé d’universitaires et d’alumni de la formation continue « Relations presse » (1) du CELSA-Sorbonne Université. Suite logique et boucle bouclée.

(1) Prochaine session prévue les 10 et 11 mars 2025 / responsable pédagogique : Anne Eveillard -> inscription : ICI