« Femmes de com’ ». C’est le titre d’une série de portraits de femmes qui ont choisi la communication comme terrain de jeu. Certaines sont en agences, d’autres ont créé la leur. À travers leur parcours, elles abordent l’évolution de leur métier. Aujourd’hui, pour susciter la curiosité d’un journaliste ou celle d’un influenceur, elles doivent mettre les bouchées doubles. Certaines dorment peu, d’autres ont renoncé aux vraies vacances, par passion pour une profession en pleine transformation.

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Tout Paris la connaît. Beaucoup l’adorent. D’autres l’ignorent. Certains ne jurent que par elle, quand d’autres restent sur leur faim. Une chose est sûre : Pascale Venot ne laisse personne indifférent. Gouailleuse pour les uns, audacieuse pour d’autres, elle a son franc parler, elle est dure en affaires et exigeante dans le boulot. Une méthode qui a fait ses preuves. Lorsqu’elle a fondé son « bureau de presse » à Paris en 1995, « nous n’étions que trois ». « Aujourd’hui, poursuit-elle, nous sommes une soixantaine, dont une dizaine de stagiaires ». Cash, elle ne cache rien : « Les deux postes qui pèsent le plus sur ma trésorerie sont la masse salariale et le loyer des bureaux. » Des bureaux sur plusieurs étages et voisins du métro Saint-Philippe-du-Roule, en plein 8e arrondissement de la capitale. Pourquoi ce luxe ? « Parce que les équipes passent 70% de leur temps à l’agence. Il faut donc que celle-ci soit facile d’accès et que les salariés s’y sentent bien. »

« Open space » et tour de contrôle

Svelte, blonde, le regard bleu et vif, Pascale Venot a installé sa table de travail au milieu d’un « open space ». De cette tour de contrôle, rien ne lui échappe. Car il faut être « efficace » et « les bilans doivent être positifs ». De surcroît dans un univers aussi concurrentiel que celui de la com’ lifestyle, où « certains n’hésitent plus à brader leurs tarifs pour gagner un budget ». Elle peste contre ces petites manœuvres qui flinguent le marché. Elle s’emporte contre les mauvaises manières des uns, les trahisons des autres. Qu’à cela ne tienne. Elle encaisse coups durs et coups bas. Elle avance, mais n’oublie rien. Sa petite entreprise traverse les crises. Sa force : ses clients. Groupes hôteliers, restaurants, chefs étoilés, maisons de champagne, déco, beauté, mode, mais aussi Citroën ou encore Airbnb, « la » Venot rafle les mises. Son secret : elle sait fidéliser aussi bien une partie de ses clients - elle aurait l’un des meilleurs carnets d’adresses de Paris -, que la dizaine de salariées qui forment sa garde rapprochée. « Émilie, Virginie, Barbara, Laura, Mélodie, Ségolène, Mélanie… », elle les cite une par une, en veillant à n’oublier personne. Certaines travaillent avec elle depuis plus de dix ans. D’autres sont parties, puis revenues, sans que cela ne froisse Pascale Venot. Au contraire. Elle y voit un retour au bercail et la marque d’un « esprit de famille ». « En trente ans, personne n’a saisi les prud’hommes contre moi », assure celle que tous ses salariés vouvoient. Par principe. Par respect.

De Versailles à Nanterre…

Pour plaire à Pascale Venot, un bon CV ne suffit pas. « Gare aux madames parfaites ! », prévient-elle. Autrement dit : en plus d’une tête bien faite et d’un sens aigu de la rigueur, elle veut aussi de la personnalité. Valeur ajoutée indispensable pour « faire du résultat ». Et ce d’autant que chez Pascale Venot, pas ou peu de réunions. C’est sur le terrain et surtout au téléphone que tout se joue, que tout se passe. Elle aime les fonceurs, celles et ceux qui savent saisir leur chance lorsque celle-ci pointe le bout de son nez. Ce qu’elle a su faire en son temps. Élevée à Versailles, licenciée en droit à Assas et en histoire de l’art à la Sorbonne, Pascale Venot s’est d’abord vue commissaire-priseur, puis grand reporter de guerre à sa sortie d’une maîtrise information-communication à Nanterre – « dans la même promo que le journaliste Yves Calvi » -. La suite : elle va refuser un stage au Figaro pour lui préférer un premier job, à mi-temps, chez un fabricant de planches à voile. « J’étais la seule fille de l’équipe. Mais, à l’époque, je fréquentais un garçon qui était dingue de planche à voile. Du coup, j’étais incollable sur le sujet », se souvient-elle. Puis, elle va enchaîner avec un poste d’assistante au service presse du Printemps - « où j’ai amorcé mon carnet d’adresses » -, avant d’être engagée par Carole Bracq, « qui dirigeait alors le meilleur bureau de presse luxe de Paris ». Là, Pascale Venot a pour mission de créer le pôle lifestyle, où elle décroche des maisons de Champagne, la Villa d’Este ou encore la Woolmark Company. « Je suis restée dix ans chez Carole Bracq. J’ai tout appris : la rigueur, la stratégie, les contacts, le sens de l’organisation, la culture du luxe. » Une expérience qui va dessiner les contours de son futur bureau de presse, dont les deux premiers clients seront le chef triplement étoilé Alain Senderens et la maison de Champagne Piper-Heidsieck.

Bon pitch et réseaux d’influence

Dans les étages de l’immeuble de la rue Paul Baudry, où Pascale Venot a ses bureaux, le rythme est soutenu. La concentration, maximale. Si certains craquent en cours de route, d’autres se prennent au jeu, se dépassent, se surpassent… Et les fidèles excellent : « Elles pitchent bien, elles sont rapides, les journalistes les adorent », confie la boss. Autre équipe « au top » : la douzaine de jeunes talents dédiés à « l’influence ». Avec deux des trois filles de Pascale Venot à l’œuvre : Éléonore et Valentine. « Ce sont les moins bien payées de l’agence », précise leur mère qui les a recrutées en free-lance. L’« école Venot » fait des petits. Leur « truc » en plus : « Les réseaux que mes filles aînées ont tissés dans les fêtes où elles sont allées et dans les lycées Victor Duruy, Janson de Sailly, Franklin, Fénelon Sainte-Marie… où elles avaient leurs bandes de copains. » Autre génération, autre mode opératoire. Nées avec le Web, Éléonore et Valentine sont habiles sur Instagram, agiles sur TikTok, Autant d’outils indispensables pour rester dans la course. Pascale Venot, l’endurante, l’a bien compris : le compte « Insta » de son bureau de presse affiche près de 22 000 « followers ». « Tout va de plus en plus vite, dit-elle. Avec les réseaux sociaux, mon métier s’est démultiplié. » À 60 ans, la fan de com’ s’adapte : « Je suis une passionnée, je reste curieuse de tout et je fais en sorte de voir le bon côté des choses. »

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« Femmes de com’ » : cette série de portraits fait écho à la formation continue « Relations Presse » du CELSA-Sorbonne Université (responsable pédagogique : Anne Eveillard). Prochaine session prévue les 10 et 11 mars 2025 -> inscription : ICI

Et aussi : la série « Femmes de com’ » fera l'objet d'une masterclass du CELSA-Sorbonne Université le 13 mars 2025. Un événement organisé au 24e étage de la tour Zamansky, à Paris 5e, et mené en partenariat avec le salon Photo Doc., dont la thématique de cette année n'est autre que « la transmission »...

Autres portraits de « Femmes de com’ » à découvrir : Léa PaoliEmmanuelle GillardoKattia MendiguettiIsabelle Crémoux-Mirgalet, Odile Idkowiak, Marina David, Sandrine Maury-Besson, Emmanuelle Klein et Estelle Gentilleau.