Rien n’était prémédité. Rien n’était prévu. Tout a commencé sur Instagram. Un tag. Un groupe. Un initiateur. A savoir David Leppan, à l’origine du projet Meet my Wilson, mouvement destiné à distraire les solitaires pendant le premier confinement. L’idée : partir de trois fois rien, un bout de ficelle, une épluchure, un morceau de pain… et créer un visage souriant, amusant, délirant, inspirant. Elle s’est prise au jeu. « Elle », c’est Valérie Barkowski. Son métier ? Inventer, créer, sillonner la planète, chiner, fouiner, aller vers les autres. Mais encore ? Directrice artistique, designer, styliste, on lui doit des lignes de linge de maison, accessoires, pièces sur-mesure, l’ouverture d’une boutique à Marrakech et du riad Dar Kawa. Elle s’est donc prise au jeu de David Leppan. Durant le confinement du printemps 2020, qu’elle a vécu à Bruxelles, elle a imaginé une série de portraits, réalisés « avec deux rondelles de carotte, un vieux clou, du gingembre, des champignons, des boutons ressurgis du fond de mes tiroirs, comme des nouilles de riz, des pistils de fleurs ou des tiges ramassées lors de balades oxygénantes ». Chaque jour, elle en postait un sur Instagram. Comme un rituel, une habitude, un rendez-vous quotidien avec ses followers, vite devenus accros à ses drôles de bouilles.
Un travail spontané, libre, dans un printemps rempli d’interdits…
A l’issue du confinement, Valérie Barkowski s’est retrouvée avec 72 portraits créés, immortalisés, postés, partagés. Une curieuse matière première. Mais l’imaginaire de l’aventurière n’allait pas en rester là. Surtout avec l’insistance de son amie, la photographe colombienne Anita Calero. Celle-ci lui propose de retoucher chaque portrait pris au smartphone, histoire d’en faire des tirages sur papier. Et pourquoi pas un bouquin ? C’est alors que Franc’ Pairon entre en scène. La fondatrice de La Cambre Mode(s) met en page les images de visages. Des visages répartis en trois familles : les Primitifs, les Ethniques, les Kwanita. Des visages qui ont des noms : Mr Maximinus, Mrs Agathe Power, Madame Rêve, Mama Wemba... Fantaisie et poésie sont au rendez-vous. Le livre vient de voir le jour. Il s’intitule 54+1 Portraits by Valérie Barkowski. « Le +1, c’est parce qu’il y en a un… vraiment inclassable », explique l’auteur. Tiré à 250 exemplaires numérotés et signés, l’ouvrage est un bel objet. Une rareté. Mais aussi le fruit d’un travail spontané, libre, dans un printemps rempli d’interdits.
A ce livre s’ajoute une expo. Une vingtaine de portraits seront accrochés du 18 au 27 février 2021 à la librairie Peinture Fraîche, à Bruxelles. Ils dialogueront avec une sélection de toiles originales de Franck Sarfati. Diplômé de La Cambre et fondateur du studio de création graphique Sign, ses œuvres interrogent sur la place de la nature dans notre société. Une société abîmée, sonnée, mais qui a encore ses poches de résistance.
Librairie Peinture Fraîche : 10 rue du Tabellion, 1050 Bruxelles.
Du mardi au samedi, de 10h30 à 18h30.
Livre et photos en vente sur : www.valeriebarkowski.com