Elle vit sous les toits. Dans le Ve arrondissement de Paris. A deux pas du jardin du Luxembourg et de Sévigné, où elle a « tout fait » : primaire, collège et lycée. « J’avais une facilité pour les sciences », confie Yvonne Dumas Milne Edwards. Si bien qu’elle décroche un bac S et s’inscrit en première année de médecine, rue des Saints-Pères. Pas pour soigner les autres, plus tard. Mais plutôt pour étudier les biopsies en labo. « Les images médicales me fascinent », dit-elle. Les images « tout court » aussi. Alors quand elle croise ses amis en cours aux Gobelins, « l’école de l’image », ça lui donne envie. Sauf qu’elle n’a pas vraiment le profil idéal avec sa carte d’étudiante à Paris-Descartes. Il va donc falloir qu’elle potasse pour une place en prépa aux Gobelins. Une intégration qui se fait sur concours. Comme le passage en deuxième année de médecine. Elle en réussit un, rate l’autre et quitte la rue des Saints-Pères pour le boulevard Saint-Marcel.
Sa récré, c’est le Bon Marché
« J’ai trouvé mes marques petit à petit. » Car pas si simple cette arrivée aux Gobelins, pour Yvonne Dumas Milne Edwards. Changement de cap. Changement d'environnement. Ce qu’elle préfère ? « Me balader dans l’école et voir le travail des photographes. » Sa récré ? Les allées du Bon Marché, où elle aime flâner dans les rayons bijoux et haute-couture. Les natures mortes l’inspirent. Les belles choses aussi. C’est d’ailleurs ce qui va guider le contenu de son premier book. Tout comme le thème de l’expo qu’elle doit réaliser à la fin de l’été 2020, pour clôturer ses quatre années d’études aux Gobelins. Une première carte blanche, en quelque sorte. Des images perso, où elle privilégie les végétaux dans un parcours intitulé « La flore complice ». Des végétaux qu’elle qualifie de sophistiqués, complexes, « mais ils sont faciles d’accès, on en trouve partout, même en ville ». Et puis la jeune photographe a envie de montrer au jury qu’elle sait « éclairer des objets atypiques ». Un travail qui la mène à traiter certaines plantes en se calant sur les codes de l’imagerie médicale. Quant à l’accrochage, c’est sur des branchages pour quelques-uns de ses tirages sur tissus. Ses profs adorent : elle obtient 18,5 sur 20. Les professionnels, souvent plus sévères, lui accordent 14,5. Quant à l’expo de fin de cursus, elle est l’occasion de croiser la route d’un agent de photographes. La suite va très vite. L’agent fait une proposition. Yvonne Dumas Milne Edwards l’accepte et, un confinement plus tard, la nouvelle diplômée décroche une première campagne de pub. A 23 ans, elle joue déjà dans la cour des grands.
Ses références s’appellent Irving Penn, Erwin Blumenfeld, Guido Mocafico…
Cadette d’une tribu de quatre enfants, sa mère est chercheuse en neurobiologie et son père bosse dans les biotechnologies. Libre de choisir entre la médecine et la photo, Yvonne Dumas Milne Edwards sait qu’elle n’a pas forcément opté pour le chemin le plus facile. « Je dois faire mes preuves, convaincre des clients, continuer à avoir une activité artistique, développer la vidéo et, sur Instagram, montrer que techniquement on peut me confier des choses difficiles… » La matheuse aime le travail de la lumière et sa précision. Ses références s’appellent Irving Penn, Erwin Blumenfeld ou encore Guido Mocafico. Quant à son premier appareil photo, c’était celui qu’elle empruntait à sa mère. Puis, elle s’est offert un Nikon D610, « le plein format de la gamme ». Outil auquel s’ajoute désormais un Mamiya RB67, pour ses projets en argentique. Un nouveau compagnon de route, qu’elle surnomme « mon petit bébé ».
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