Son dernier domicile connu se situe au 10, rue Monsieur le Prince, à Paris. En plein Quartier latin. C’est là que le philosophe Auguste Comte, fondateur du positivisme, habitait, travaillait, recevait. Son appartement-musée se visite. Il accueille même des expos d’art contemporain, menées avec la complicité de Marie Valat. Cet hiver, la Maison d’Auguste Comte fait partie du parcours de la dixième édition de PhotoSaintGermain. C’est quoi ça ? Un festival qui invite amateurs et flâneurs à découvrir les images de jeunes talents et de photographes de renom, accrochées dans une sélection de musées, centres culturels, galeries et librairies de la rive gauche. L’idée : faire en sorte que public et photographes se rencontrent, papotent, s’approprient aussi des lieux inattendus. A l’instar de la Maison d’Auguste Comte. Sauf que cette année, le public trouve porte close. L’appartement-musée du philosophe est fermé : Covid-19 oblige. Fermé physiquement, mais ouvert virtuellement, pour participer malgré tout à PhotoSaintGermain. Une forme de résistance face au virus. Mais surtout une envie de montrer l’installation de Martine Aballéa. Car l’artiste plasticienne a imaginé « Le jardin d’Auguste Comte », tel un subtil jeu d’images colorisées et imprimées sur des voilages. Accrochés aux tringles d’époque de l’appartement-musée (car impossible de clouer, trouer, percer dans un espace où tout est classé), ces voiles ondulent au moindre mouvement d’air, multiplient les effets de transparence et de reflets au gré de la lumière du jour. L’extérieur rentre à l’intérieur. Les immeubles d’en face se mêlent et se mélangent à la nature verdoyante qui pare les voilages, comme une superposition de calques. Le tout en accord parfait avec déco et décors d’origine de l’appartement du philosophe. Tout un poème. Toute une rêverie aussi, qui a été filmée par Julia Brechler, pour être diffusée et partagée, en attendant la réouverture du musée.
Ouverture d’esprit et liberté de choix
« Cette année, PhotoSaintGermain s’est installé dans 24 lieux différents », détaille Aurélia Marcadier. Historienne de l’art, elle dirige le festival. Un festival volontairement sans thématique, « pour ne pas s’enfermer, garder une ouverture d’esprit et une liberté dans le choix des travaux photo présentés ». Parmi ses accrochages préférés pour ce cru 2021, celui de Martine Aballéa figure en bonne place. Mais Aurélia Marcadier cite aussi ceux de Massao Mascaro et Jonathan LLense à la Galerie du Crous, Guy Le Querrec à la Librairie des Alpes ou encore François Halard à la Galerie Chenel. Marie Valat, pour sa part, recommande la série « Psychscapes » de Terri Loewenthal, à la Galerie Catherine & André Hug.
Viré de l’X en 1816…
Quant à la Maison d’Auguste Comte, après la photo, elle fera place, au printemps, à une expo consacrée au philosophe. « Celle-ci est déjà en cours de préparation », confie son directeur, David Labreure. Une expo menée en partenariat avec l’Ecole polytechnique. Car Auguste Comte y a été élève (X 1814), répétiteur et même examinateur, mais jamais diplômé. Et pour cause : il en a été viré en 1816, jugé alors trop républicain pour cette école militarisée en 1804 par Napoléon 1er. Archives, écrits et objets s’ajouteront aux pièces de mobilier, livres et accessoires perso déjà présents dans l’appartement-musée de la rue Monsieur le Prince. Auguste Comte, dont la tombe au Père Lachaise porte la « formule sacrée » du positivisme : « L’amour pour principe, l’ordre pour base et le progrès pour but. »