Il a tout pour plaire. Pratique, esthétique, résistant et « made in France », il se porte, se transporte, s’accroche sans faire moche, ni sacoche. « Il », c’est le « Tako » d’« ann/so ». « Tako », c’est le nom du « sac qui fait du vélo » : ses crochets épousent n’importe quel porte-bagage de bicyclette. « ann/so », c’est Anne-Sophie Biseau. On la connaît ? Oui, si on s’intéresse un peu au design et à l’architecture. Architecte d’intérieur de formation, elle a travaillé avec le verrier Guillaume Saalburg et dirigé Opaque Diffusion, sa maison d’édition. Puis, elle a chapeauté la création au sein de la société Manifesto, spécialisée dans les accessoires de maroquinerie promotionnels sur mesure. Indépendante depuis le milieu des années 2010, elle a collaboré avec des marques telles que Sellerie Georges et Malle W Trousseau. Parallèlement à cela, elle a commencé à s’interroger sur « les limites à inciter sans cesse à la consommation ». Elle a même poussé la réflexion jusqu'à bouder les transports en commun pour leur préférer le vélo. Pas le Vélib’, son propre vélo : un modèle électrique – « à l’époque, il n’y en avait pas tant que ça »-, recouvert d’autocollants et qu’elle pilote casquée. Et pour cause : elle a déjà été percutée par une moto et éjectée de sa monture… Même pas peur ? « Si, mais dès que j’ai pu, j’ai refait du vélo dans Paris, pour justement éviter d’avoir peur de remonter sur une bicyclette. »
A cinquante ans, elle s’inscrit en CAP maroquinerie…
Rétropédalage : juste avant son accident sur le bitume parisien, Anne-Sophie Biseau s’intéresse à la façon de transporter objets, ordinateur, documents… tout en pédalant. Son constat : en dehors du sac à dos ou de la sacoche « à pépère », pas grand’chose à l’horizon. « Je savais dessiner des sacs, mais j’ignorais tout du travail du cuir », confie-t-elle face à un café allongé, à la terrasse d’un Flore déserté des touristes, en cet été post-confinement. Alors, elle n’hésite pas. En 2018, à cinquante ans, elle s’inscrit en CAP maroquinerie à La Fabrique. Son stage chez le sellier-maroquinier Jacques Ferrand est écourté à cause de sa chute à vélo. Mais une fois rétablie, l’artisan accepte d’héberger « l’étudiante », dans son atelier du Marais. « J’y suis restée un an », dit-elle. Une « résidence » qui lui a permis de créer les premiers prototypes de ce qui va devenir le « Tako ». Les signes particuliers de se sac dédié aux cyclistes citadins ? Ils sont nombreux. A commencer par leur matière première : un cuir à tannage végétal - sélectionné en Italie - qui résiste à toutes les intempéries. A cela s’ajoute des soufflets textiles enduits de polyuréthane rétroréfléchissant, des caches et fermetures aimantés et un système de clip en polyamide, renforcé en fibre de verre, pour verrouiller le sac une fois accroché au porte-bagage, ou au guidon pour le petit modèle. Le résultat : ça change la vie du cycliste, qui peut tout ranger, sans déranger, renverser froisser ou casser ce qu’il transporte. La suite ? En juin 2020, elle a lancé sa marque ann/so. Et pour cet automne, elle prépare une ligne d’accessoires, toujours en lien avec le vélo. Quant à la commercialisation en boutiques de ses créations, elle y travaille aussi. Mais d’ores et déjà on peut commander le « Tako », qui se décline en quatre tailles et différentes finitions, sur le site ann/so et chez les Cycles Cavale, rue Laffitte à Paris. Là aussi, on aime les « choses » bien faites : artisan fabricant de « vélos urbains français », ses « petites reines », aux allures de Rolls, ne sont conçues que sur mesure.