Elle se cache au fond d’une cour d’immeuble, à deux pas de la Madeleine, à Paris. D’emblée, cette maison attire les regards, suscite la curiosité, voire la convoitise. Trop tard ! Depuis 2017, elle est occupée par Society Room. Une marque créée par Yvan Benbanaste et Fabrice Pinchart-Deny. Le premier vient de l’industrie textile, de la confection et de la mode. Le second, de la finance. Amis de longue date, ils se sont associés autour d’une idée : redonner ses lettres de noblesse au tailleur. Pas évident à l’ère de la basket pour tous ou autre retour du jeans déchiré. Et le duo se complique un peu plus la tâche en ciblant l’homme, mais aussi la femme. Leurs atouts principaux : « Le goût des belles étoffes », confie Yvan Benbanaste, couplé à son don pour la coupe. Un savoir-faire qu’il a développé en Italie, notamment chez Pal Zileri, maison dont il a dirigé la création. « Une école de compétences », dit-il. Un apprentissage de la rigueur aussi : « On apprend à positionner la poche d’une veste au millimètre près. » Sinon, c’est un peu comme une virgule mal placée dans une phrase : tout est bancal.
Défilé en plein air et retour du smoking
Le 2 juillet dernier, c’était l’effervescence chez Loulou, le resto du musée des Arts déco. Côté jardin, Society Room présentait sa troisième collection. Un défilé en plein air, sous le soleil et en public. Une autre façon de se démarquer, à l’heure où les maisons de couture recourent à la vidéo, Covid-19 oblige. On aime les partis pris chez Society Room et pas les entre-deux. On fuit les voies toutes tracées, pour leur préférer des chemins de traverse. Ainsi, pas de mannequins professionnels sur le podium face aux Tuileries, mais des amis de la maison : celles et ceux qui aiment et portent les vêtements griffés Society Room. Des tailleurs sur mesure, bien sûr, mais aussi une collection de prêt-à-porter pour femmes. A cela s’ajoute une déclinaison autour du smoking, cet habit porté autrefois pour fumer et éviter aux vêtements de la journée de se retrouver imprégnés des odeurs de cigares ou cigarettes… Le jeu préféré d’Yvan Benbanaste : détourner les vestes, chemises et autres pyjamas d’hommes pour les proposer aux femmes. Ses muses s’appellent Jane Birkin et Ali MacGraw. Cinéphile, il a vu tout Hitchcock, mais cite aussi Gabin et Belmondo en référence. Au rez-de-chaussée de sa « maison de tailleur », on trouve des bouquins partout, des tirages photo sur les murs, des objets de designers… « Tout est à vendre », dit-il. Parce qu’on ne pousse pas la porte de Society Room juste pour un vêtement. On entre pour découvrir un univers, retrouver un certain art de recevoir, flâner dans le salon, faire des rencontres. Mieux encore : on peut partager un déjeuner ou un dîner, à l’étage, avec le duo Benbanaste-Pinchart-Deny aux fourneaux. Mais là, il faut être sur la liste des invités.
Cotons égyptiens, soies italiennes et laines ultra légères
Pour un tailleur ou un vêtement à sa juste mesure, il faut prendre rendez-vous. Comme chez le médecin. Là, on choisit tissus, matières, avec une sélection qui va des cotons égyptiens aux soies italiennes, en passant par des laines ultra légères. Puis, tout part en Italie, le temps de la confection. Retour de la commande un mois plus tard, avec séance d’essayage, avant les ultimes retouches réalisées sur place. Combien ça coûte ? Les tarifs sont l’un des arguments forts du positionnement de Society Room : surtout rester attractif pour une clientèle qui travaille, sort, s’amuse, voyage, mais fait plus attention qu’avant à ses dépenses. « Le chic parisien à des prix raisonnables », résume Yvan Benbanaste. La chemise s’achète à partir de 125 euros, les vestes démarrent à 550 euros et les costumes à partir de 800 euros. En période post-Covid, c’est une façon de séduire et fidéliser une clientèle française, sans dépendre du retour des « internationaux ».
Society Room : 9 rue Pasquier, Paris 8e - Téléphone : 01 73 77 87 62 - Email : info@society-room.com