Confessions de confinés # 5
Ils sont écrivains, musiciens, designers ou photographes. Ces « enfermés bien inspirés » parlent de leur confinement. Confessions en 3 questions, illustrées en 1 image.
Olivier Coulange, photographe : « J’ai la chance d’être en extérieur les trois-quarts du temps »
« Shoot toujours » par temps de confinement ?
O.C. : Comme j’habite à la campagne, dans le Loiret, j’ai la chance d’être en extérieur les trois-quarts du temps. Alors, je photographie ceux et ce que je croise ou vois quand je me déplace. Je bidouille aussi des photos d’états d’âmes, toujours avec la même ligne éthique, politique et esthétique : enfin j’essaie.
La dernière image postée sur les réseaux dits « sociaux » ?
O.C. : Une image prise au « photophone ». C’est le portrait de Madame F. : elle vend des salades, topinambours, framboises, patates… qu’elle fait pousser elle-même, qui ont plein de saveurs et qu’elle déballe dans une petite pièce au bout de sa maison. Elle vend à tout le monde, avec plus ou moins de bonne volonté. Si on commence à faire « nien nien nien » sur ce qui est dans les cageots, elle se referme comme une huître et fini, pour toujours, l’accès à la pièce du fond. Elle n’accepte pas non plus qu’on en prenne plus qu’il n’en faut, parce que justement « il en faut pour tout le monde ». Pas la peine de lui demander de tomates en hiver, elle n’a que des produits de saison « et pi je suis pas Mammouth ». Pour les non-initiés, Mammouth était une enseigne de grande distribution qui a disparu avec l’échauffement économique à la fin de l’ère giscardienne. Madame F. pèse ses légumes sur une balance que les Parisiens trouvent délicieusement vintage. Et des Parisiens, réfugiés pulmonaires, il y en a en ce moment qui garent leur gros 4x4 en rang d’oignons devant sa porte. Ils attendent dans sa cour, au milieu des poules, de pouvoir rentrer un par un. Quand je rentre, il ne reste plus grand-chose dans les cageots. Mais elle m’aime bien, alors elle me dit qu’il lui reste des choses derrière la porte, notamment un miel d’églantier qui est un vrai délice. Madame F. a 83 ans.
La priorité, une fois déconfiné ?
O.C. : Je vais aller photographier Antonin…