Il a toujours dessiné. Quand il était gamin, ado, jusque sur les bancs de Sciences Po : « C’est en cours de droit administratif que j’étais le plus productif », confie Raynald Garrido. Mais sa fibre artistique est longtemps restée discrète. Et pour cause : même s’il continuait à produire « en cachette », il avait un autre métier. Plus officiel. Une double vie, en quelque sorte. Pendant une quinzaine d’années, Raynald Garrido a en effet dirigé la communication de la Fnac. Mais lorsqu’on lui a offert son premier Moleskine, ça a changé la donne. « C’était il y a dix ans », dit-il. Depuis, les fameux carnets sur lesquels il écrit et dessine sont devenus ses meilleurs compagnons de route. D’Angkor à Marrakech, en passant par Los Angeles, les rives du Nil ou Séville – sa ville fétiche -, il les emmène dans toutes ses échappées.
Stylo bille, feutre et plume trempée dans l’encre de Chine
« Je ne montre mes dessins que depuis cinq ans », raconte Raynald Garrido. Des dessins faits dans l’urgence au stylo bille, au feutre, à la plume trempée dans l’encre de Chine ou autres sanguines. Jamais de crayon à papier : le trait est trop fin, trop délicat. Raynald Garrido recherche une certaine force, une puissance pour représenter les détails de cathédrales, patios, vues d’hôtels, colonnades, ponts, jardins… L’architecture inspire cet amateur éclairé d’Egypte ancienne, qui peut passer une dizaine d’heures sur un seul dessin.
Les carnets Moleskine ont eu raison des tableaux Excel
« Pendant un temps, je pensais pouvoir concilier ma vie dans la com’ et le dessin », explique Raynald Garrido. Mais, vite, l’un a pris le pas sur l’autre. Les carnets Moleskine et les voyages ont eu raison des tableaux Excel et de la vie de bureau. Aujourd’hui, ses dessins sont publiés notamment dans la presse magazine (AD Chine, Edgar..), accrochés dans quelques adresses prestigieuses, mais aussi exposés jusqu’à la mi-mai à l’hôtel Lancaster* (7 rue de Berri), à Paris. De sa vie d’avant, il ne regrette rien : « Les dessins créent du lien et des rencontres. Récemment, en Asie, je me suis installé pour dessiner dans la rue et une trentaine d’enfants sont venus m’observer, me parler, commenter mon travail. » Une spontanéité aux antipodes des silences pesants des bureaux climatisés, aseptisés, désincarnés.
*hôtel dont ont doit toute la déco florale à Olivier Brault, alias Lady Carbone...