Créer pour cacher. C’est gênant. Dérangeant. Et pourtant j’ai croisé la route d’un designer qui imagine, dessine, puis prend soin de tout ranger dans des tiroirs. J’ai eu beau lui dire que les tiroirs, c’est comme les portes et les fenêtres : ça doit rester ouvert. Il a esquissé un sourire, mais n’a pas répondu. Déprimant. Désespérant. A l’heure où la création en France manque d’originalité, d’authenticité, de spontanéité, savoir que quelques tiroirs abritent peut-être des curiosités, ça me désole. Mais certains redoutent la critique, le regard des autres et les interprétations -souvent à côté de la plaque, il est vrai- que l’on va donner à leur travail. Quelle importance l’avis des autres ? Le principal est de croire en ce qu’on fait. Etre capable de le défendre. Quitte à aller à l’encontre du prêt à penser. N’est-ce pas un peu ça aussi qui nous aide à nous lever le matin ? A continuer d’avancer tout en prenant du recul sur les absurdités du quotidien ? La dernière en date : un ado dans le métro victime du syndrome de la tête penchée… sur son smartphone. De lui, je n’ai vu que ses cheveux longs, jamais ses yeux, de Montparnasse à Bir-Hakeim. Epoque formidable ?