C’est un film noir hollywoodien méconnu. Une rareté de 1960, signée Leslie Stevens. Propriété privée raconte l’histoire de Duke et Boots (Corey Allen et Warren Oates), deux loosers qui remarquent une jolie blonde au volant d’une Corvette blanche, dans une station-service où le duo traîne. Ils contraignent un VRP de passage à suivre Ann (Kate Manx) en voiture, jusque dans sa villa perchée sur les hauteurs de Los Angeles. Là, Duke et Boots squattent la maison voisine, vide, pour mieux observer leur proie, qui passe ses journées au bord de la piscine à attendre son mari, qui la traite comme une pièce de mobilier. Pour tenter d’approcher Ann, Duke se fait passer pour un jardinier…
Hitchcock, voyeurisme et parfum de scandale
D’emblée le ton est donné avec Duke qui recherche la villa d’un certain monsieur… Hitchcock. Ann, caricature à mi-chemin entre la femme objet de l’American Dream et la pin up en couv’ de Playboy, n’a jamais entendu parler d’un « monsieur Hitchcock »… C’est comme ça que Duke va mettre un premier pied dans la somptueuse villa. La suite ? Un travail d’approche habile et subtil pour apprivoiser Ann, la mettre en confiance... Tourné en dix jours chrono dans la propre maison de Stevens, sur les hauteurs de Beverly Hills, ce thriller a défrayé la chronique à sa sortie. Son voyeurisme revendiqué et ses allusions à l’homosexualité ont fait planer un parfum de scandale. D’aucuns y ont vu aussi une illustration des rapports de classes : les riches dépensent sans compter, quand les marginaux rêvent de l’impossible derrière une fenêtre… Propriété privée ressort en salles le 7 septembre, dans une version restaurée. Il faut se précipiter.