Hier matin, tous mes confrères ont craché sur Libération, qui a fait la part belle à l’un de ses annonceurs, à savoir Monoprix. Quelle hypocrisie de la part de la presse écrite française. Que le seul journal ou magazine dont les rédacteurs ne travaillent pas, un moment ou un autre, en lien direct avec le service pub ou autres sources de pressions diverses et variées, lève le doigt. Cessons de jouer les effarouchés. La pub permet aux journaux de sortir en kiosque et de payer journalistes, photographes, secrétaires de rédaction, maquettistes, correcteurs… Serions-nous alors tous des « vendus » ? Pas de panique. Il y a longtemps que la presse d’investigation en France connaît ses limites. La liberté est réservée à quelques-uns, entrés en résistance, qui n’ont pas froid aux yeux et sont prêts à s’exiler ou disparaître, du jour au lendemain, en cas de coup dur. Le métier de journaliste a changé. Il penche désormais plus volontiers vers celui de « communiquant » que vers celui d’enquêteur. Il faut faire avec. S’adapter pour certains. Se résigner pour d’autres. Ou alors jeter sa carte de presse aux ordures et tenter une reconversion. Après tout, Jean-Patrick Capdevielle –époque formidable- ou Christophe Miossec sont d’anciens journaleux…