Dans les coulisses d’une expo… / épisode 4
Immersion dans les coulisses de l’expo Etre(s) Singulier(s), présentée du 18 mai au 30 juin dans la Galerie des Nouvelles Images de l’Hôtel Scribe, à Paris. Au programme : 42 portraits de personnalités connues, méconnues, inconnues, sur lesquelles le photographe Bruno Comtesse et moi posons « un ton et un regard ».
Quarante-deux portraits. On en avait bouclé quarante-et-un et on voulait une star internationale pour terminer la série. Là, on a vraiment ramé. On avait un plan pour choper Depardieu : une femme chez laquelle l'acteur vient papoter, déjeuner, « il s’est même laissé photographier par mon fils », nous a-t-elle confié. Mais ça a échoué. Alors on a semé comme des petits cailloux pour approcher l’icône du PSG… « Vous voulez rencontrer Zlatan Ibrahimovic ? Vous n’avez aucune chance. Il ne répond pas aux interviews… Même après un match où il marque plusieurs buts, il ne prend pas la parole face à la presse. D’aucuns disent qu’il en a fait une condition dans son contrat avec le PSG ». Pas très encourageant ce journaliste sportif. A l’écouter, ce n’était même pas la peine de tenter quoi que ce soit pour croiser l’attaquant du Paris Saint-Germain. Mais il nous en fallait plus pour nous décourager. L’avant-centre suédois, Ibra pour les uns, Zlatan « tout court » pour d’autres, nous intéressait. Par sa personnalité, son parcours, raccord avec cette série de portraits.
« Sur un terrain, il ne court pas, il vole »
Il est né en 1981 à Rosengard, le quartier pauvre du sud-est de Malmö, refuge de populations venues des Balkans : c'est le cas d’Ibra. Trente ans plus tard, c’est une icône. En Suède - où un timbre a son effigie -, en France - où les gosses apprennent à « zlataner » à la récré -, dans le monde - où les clubs sont nombreux à le vouloir comme n° 10 -. Explication du phénomène : « il joue comme un dieu », disent les fans. « Sur un terrain, il ne court pas, il vole », laissent échapper des commentateurs de matchs à la radio, entre deux buts marqués par le footeux de 1,95 m pour 95 kilos, accessoirement ceinture noire de taekwondo. « Sa taille de maillot, c’est XL », a lâché un vendeur de la boutique du PSG, située à l’orée du Parc des Princes. Des abords de stade près desquels on a cru, un temps, pouvoir voir la star, par hasard. En vain. Alors on est parti sur ses traces. Tantôt volontairement. Tantôt par accident. Croiser le meilleur buteur de l’histoire du PSG, qui mêle élégance - sur un terrain - et provoc’ au quotidien - après trois buts marqués dans une rencontre, pour lui « ce n’était qu’un entraînement »… -, était devenu notre priorité.
Des loges VIP du Parc des Princes au resto de l’hôtel Costes
On a donc tenté beaucoup pour voir l’homme dont « tout le monde parle ». Celui qui a permis à l’Ajax d’Amsterdam, l’Inter de Milan, le Milan AC, le Barça et le PSG de remporter les plus prestigieux championnats. « Nous avons un fauteuil de cireur de chaussures pour les abonnés aux loges VIP du Parc des Princes », nous a-t-on expliqué chez George & Georges, un bottier-cordonnier de la rue de Verneuil. Les loges VIP : elles sont peuplées par celles et ceux qui fréquentent le fameux « carré » du Parc, appelé aussi la « corbeille ». Autrement dit, « the place to be » pour approcher l’idole… Sauf que pour y accéder, il faut montrer plus que patte blanche. Une carte de presse ne suffit pas. Et argumenter en disant que le PSG « c’est le club de mon quartier », encore moins. On a fait chou blanc. « Je connais quelqu’un qui travaille au Parc. Il pourrait vous aider », a proposé une commerçante du XVIe sud. Mauvaise piste. Mauvaise pioche. Le gars en question n’a pas voulu mouiller le maillot... « Zlatan ? Un soir j’ai dîné à côté de lui dans le resto de l’hôtel Costes. Il venait d’arriver au PSG, il était seul. J’ai appelé la serveuse et lui ai dit que l’addition de Zlatan était pour moi : une façon de lui souhaiter la bienvenue à Paris. Il m’a remercié, puis s’est éclipsé », nous a raconté Serge Thomassian, à la tête du label de musique contemporaine Megadisc classics. Mais l’attaquant ne lui a laissé ni numéro de portable, ni adresse mail. L’échange entre les deux hommes s’est arrêté là. Dommage… pour nous.
« J’ai fait un selfie avec lui »
Un matin, contre toute attente, un café avec l’écrivain Philippe Vilain s’est soldé par une confession de sa part. « Je n’ose pas vous le dire. Vous allez trouvez ça ringard. Mais j’ai fait mon premier selfie hier avec quelqu’un de très connu… » « Qui ça ? » « … Zlatan. » On est resté bouche bée. Nous qui le poursuivions sans parvenir à le coincer et Vilain qui tombait dessus, par hasard, en poussant la porte d’un resto de la rue Dauphine. Frustrant. Il nous restait bien Eugène Saccomano, vu à la terrasse du Tournon, un mardi après-midi. Mais l’ex-footeux nîmois devenu journaliste était entouré de trois personnes. Difficile de s’immiscer. On est resté bien élevé… Enfin, un matin, aux abords du Parc des Princes, on a repéré un type aux cheveux ramassés en un mix entre chignon et queue de cheval. Et si c’était lui ? On s’est approché. Rapproché encore. Mais de près, déception : il lui manquait 20 cm en taille et il en avait autant en trop en tour de taille. On était dépité. On a alors poussé la porte de la boutique du PSG. Zlatan était là… transformé en figurine de plastique dans un baby-foot estampillé PSG. A suivre.