Hier soir, il y a avait la queue devant Les Bains, rue du Bourg l’Abbé (Etienne Marcel, ligne 4). Pour l’éviter, on est allé direct voir le physio, planté en haut des marches qui descendent jusqu’au Club. « Vous venez pour le concert ? » « Oui. » « Il faut attendre dehors… » « On est des amis de la famille du batteur du groupe » « Il s’appelle comment ? » « Clément. » « Je vais voir… » Le cerbère en costume noir s’est éclipsé. C’est un type en manteau de fourrure et calot calqué sur ceux que portaient les vendeurs de glaces de Venice Beach, dans les années 1950, qui est alors apparu : « allez au bar et revenez dans dix minutes. » On a donc démarré cette virée rive droite par un café au comptoir des Bains.
A dix ans, ils bricolaient déjà des morceaux de musique dans une cave…
« C’est bon. Vous pouvez descendre… » Descendre les marches blanches cernées de murs noirs. Passer une porte. Un sas. Une autre porte qui mène dans Le Club, aménagé hier en salle de concert, avec estrade, instruments, matos de musicos. Comme d’hab’ aux Bains, on est resté fidèle aux versions « tonic » du gin et de la vodka. Une façon de patienter jusqu’à l’arrivée des Teeers sur scène. Des quoi ? Les Teeers, avec trois « e », parce que le groupe est né du rapprochement de trois copains de classe, dont les routes se sont croisées dans une école primaire du VIe. La musique, c’est venu vite. A dix ans, ils bricolaient déjà des morceaux dans la cave des parents de Clément, à Montparnasse. Premier EP à 14 ans, un passage à Taratata en 2012, un autre au Petit Journal en 2016, une première partie de Baxter Dury en 2013, une synchro réalisée pour la grande distrib’… les gamins ont fait du chemin, alors qu’ils flirtent tout juste avec leurs vingt ans.
Une robe pailletée, un sosie raté de Joan Jett, un papa et ses essais caméra...
En attendant Odilon (basse), Victor (guitare et chant) et Clément, auxquels s’ajoute Lewis (claviers et Pad) dès qu’il y a concert live, on a croisé une robe pailletée et sa pochette assortie, un sosie raté de Joan Jett, les mamans des jeunes rockeurs, leurs groupies, un papa qui faisait des essais caméra... Le tout sous l’œil avisé de Séverin, chanteur et producteur, qui a signé le trio sur son label Neon Napoleon. On avait vidé nos verres quand la bande des quatre est montée sur scène. De l’électro, qui jusque là faisait office de fond sonore dans Le Club, on est passé à du rock d’inspiration 80’s, sans tomber dans le copier-coller. « C’est frais », ont commenté certains. « Frais », c’est vrai. Spontané aussi, comme la partie de foot improvisée par les Teeers, du côté de Vavin, entre deux répet’, mardi dernier.