« J’aime le bleu, mais j’ai arrêté les Schtroumpfs ». Pierre-Louis Gabriel Filloux parle des bonbons Haribo. « En février 2013, j’ai mangé la moitié d’un immense cœur rempli de fraises Tagada, Schtroumpfs, Croco… Depuis, fini les bonbons ». Plus de café non plus, depuis 2014, année où il a lu le régime du Dr Peter J. d’Adamo. « Ce naturopathe américain prône certains aliments selon son groupe sanguin ». Etant du groupe A, Pierre-Louis mange de la viande blanche, mais pas de rouge. Il boit du vin rouge, mais pas de blanc. Petit-fils de médecin, fils de pharmacien et lui-même docteur en pharmacie, il sait de quoi il parle côté santé. D’ailleurs, il a ses recettes pour garder la forme : il va au bureau à Vélib’ et chasse le stress avec le yoga. Effet de mode ? Pas pour lui. « Je fais du yoga depuis mes 17 ans : la première fois, c’était pour me détendre lorsque je préparais le concours de fin de première année de pharma, à Tours ». Une fac où il s’illustre comme rédac’ chef du journal des étudiants, tout en menant de front un cursus à Sup de Co « pour contrebalancer avec la chimie ».
Il apprend l’italien en regardant des films de Visconti…
A l’orée des années 2000, il décroche un job dans un labo pharmaceutique. En Belgique, puis au Luxembourg. « J’ai 31 ans, je suis dans l’une des industries où l’on rémunère le mieux les salariés, je roule en BMW, j’ai un appartement et je paie peu d’impôt ». Sauf que ce n’est pas la vie dont il rêve. Il veut bouger, voyager, prendre des risques, s’amuser, vivre... Il postule pour un Master en management de la mode et du design à la Bocconi, à Milan. Il est pris sans savoir parler italien : « je suis dans une promo de 32 personnes de 22 nationalités différentes avec des cours en anglais ». Touche-à-tout, il suit en parallèle une formation à la photo, dispensée en italien : « je ne comprenais rien, mais je faisais beaucoup rire les mannequins que je shootais ! » Il apprend la langue en regardant des films de Visconti, Fellini, Scola… en VO, sous-titrés en italien. Attiré par la mode, il joue les infiltrés à tous les défilés. Sans carton d’invitation. Reste qu’à l’issue de son Master, personne ne veut d’un « pharmacien » dans la mode. Il s’inscrit en école de journalisme à Rome et continue de hanter les backstages milanais.
Il attend trois heures pour parler à Lagerfeld
En 2004, il va attendre trois heures à l’issue d’un défilé pour parler à Karl Lagerfeld, croisé une poignée de secondes, six mois auparavant. « J’arrive à le voir. Je lui explique que je cherche un job de vendeur à mi-temps, pour continuer l’école de journalisme ». Lagerfeld lui présente illico son CEO. Puis, silence radio. Un mois plus tard, par hasard, sur la Piazza Navona, Pierre-Louis croise l’une des collaboratrices de Lagerfeld, qui promène son chien. Elle le reconnaît, s’enquiert de ce qu’il devient et lui propose un poste de vendeur à Paris. C’est -enfin- le pied à l’étrier. L’audace a payé. Il voulait voir du pays ? Il va enchaîner des postes de management de la vente à Londres, Athènes, Istanbul… Comme il ne compte pas ses heures, on va même lui proposer Las Vegas, « où l’on travaille de jour comme de nuit ». Il refuse. En 2012, il demande sa mutation au sein du même groupe de luxe pour devenir… coach. Sa mission : booster une équipe, « en live et en digital ». « Je rédige des scénarios, je dirige des acteurs ». Réminiscence de sa thèse de pharma, dont le contenu était un film, tourné pendant un an avec un camescope, sur le quotidien de la fac : « j’ai toujours la VHS ».
« J’ai d’abord choisi le club de gym avant l’appart ! »
Mais coacher, c’est aussi voyager. Beaucoup. Après l’Europe et le Brésil, il intervient à Tokyo, Hong Kong, Shanghai, New York… Le rythme est soutenu. Pour garder la forme « à son max », il va au Klay, un club de sport à deux pas de chez lui : « j’ai d’abord choisi le club de gym avant l’appart ! » Et pour se changer les idées, il tient une chronique baptisée L’œil photographique au micro d’une radio parisienne. Suggestion à son rédac’ chef : il devrait aussi lui demander de raconter quelques souvenirs... Voici celui qu’il nous a réservé : « un soir, je suis allé voir Claudia Cardinale à Milan, dans un pièce de Pirandello. A la fin de la représentation, je l’ai attendue pour la féliciter. On a bavardé. Elle m’a invité à faire un bout de chemin à ses côtés. Rebelote quelques années plus tard à Athènes, où je l’ai revue en marge d’un festival de cinéma ».