« Rendez-vous dans le 2nd wagon, 3ème porte (environ). Suis à côté d’une randonneuse ». Non, ce n’était pas un message codé, mais Bruno Comtesse, l’auteur des images de cette rubrique, qui me donnait rendez-vous dans le métro. Pardon : sur la ligne 10. Station Odéon, direction Maubert. En effet, le sac à dos XXL de sa voisine de strapontin ne laissait planer aucun doute sur ce que celle-ci s’apprêtait à faire durant le week-end... Une fois sortis des souterrains, on a traversé la Seine pour aller au vernissage de l’expo « Cercle et carré » -jusqu’à la fin mai-, dans la galerie Denise René, rue Charlot. Pas de hors sujet : toutes les œuvres et installations accrochées s’inspirent bien… du cercle et du carré. On a aimé le ballet de quinze minutes de l’installation du vénézuélien Elias Crespin, les incisions d’Anne Blanchet, la dernière œuvre d’Auguste Herbin, baptisée « Fin », car l’artiste savait qu’il allait mourir…
Du rouge dans un Duralex et un drôle de cabinet noir
On a bu du rouge dans un Duralex, grignoté des fruits secs, croisé Laurent Bolognini, dont une des créations se cache dans un drôle de cabinet noir : à ne pas manquer. Puis, un curieux jeu de hasards a débuté. Comtesse a refait le monde avec une fille aux bottines argentées. Il s’est aussi improvisé barman : « je vous sers un verre ? » Sa façon du moment de « tromper l’ennui », expression piquée à l’écrivain Philippe Vilain, dont il termine la lecture de l’excellent Faux-père (Grasset). Puis, plus rien. Un « pote » -Bolognini- et un poteau -en béton- m’ont caché la suite de la scène. J’ai juste vu la fille aux pieds d’argent se balader seule dans la galerie...
L’ami de sa nouvelle amie
Pendant ce temps, Comtesse faisait connaissance avec l’ami de sa nouvelle amie, l’architecte et designer Didier Knoll. Extraits -rapportés- du dialogue : « vous faites quoi dans la vie ? » « Je suis photographe ». « Vous photographiez quoi ? » « Des gens, des intérieurs, des halls d’immeubles… » « Votre nom ? » « Bruno Comtesse… » « …vous travaillez avec Anne Eveillard ». Démasqué(s) ! Car Knoll est un lecteur d’1 Epok. Comtesse : « et vous, vous avez vu Anne, hier, à Gennevilliers… » Knoll : « oui… » C’était dans un amphi d’université. Rencontre improbable, dans un lieu où je ne suis allée que deux fois. J'avais raconté l'épisode à Comtesse.
Rohmer est mort…
Au rayon des coïncidences, on n’avait pas encore fait tout le tour. Knoll et Comtesse sont, tous les deux, des anciens du lycée Jacques Decour. Le premier se souvenait du nom de ses profs, pas le second : dommage. Rohmer est mort, mais chez Denise René nous l’avons fait revivre… un peu. « Eric Rohmer est mort, c’est une chanson écrite et interprétée par Clio », a confié Knoll, plus tard. « Clio, en concert le 26 avril aux Trois Baudets » : c’est inscrit sur une affiche collée rue de Buci. Je l’ai photographiée jeudi matin, car la salle de spectacles fait l’objet d’une blague entre Comtesse et moi. Ça y est : la boucle est (enfin) bouclée.