Ça faisait un bail que je n’avais pas poussé la porte de chez Lipp. De mémoire, la dernière fois devait être avec l’éditrice Thérèse de Saint Phalle : elle y avait son rond de serviette et connaissait tous les serveurs. La classe. Hier, j’ai de nouveau franchi le seuil de la brasserie du boulevard Saint-Germain. C’était pour la remise du 81ème Prix Cazes : il récompense un auteur qui n’a encore jamais été… primé. D’emblée, le ton était donné avec Philippe Colin-Olivier en guise de comité d’accueil. L’auteur de polars n’a pas reconnu le roi du « pola » -qui signe les images de ce post- : le romancier était trop occupé à parler porte-jarretelles, flingues et p’tites pépées. Une inconnue s’est immiscée dans la conversation. Pas compris qui c’était. Elle avait du mal, elle-même, à se définir… Un coup de vin blanc, quelques canapés salés et il a fallu grimper à l’étage. C’est là que le show allait vraiment commencer. A condition de se mettre à la bonne table… d’écoute. Hier, j’étais en veine. Je me suis retrouvée en face de mes confrères Pierre Vavasseur et Fabrice Gaignault. On allait rigoler.
Patti Smith, Gabriel Matzneff, verres de blanc et porno en 3D…
Côté potins mondains, entre le pâté en croûte et le poisson, on a ratissé large : Patti Smith, Gabriel Matzneff, presse médicale, hôtel Montalembert, conf’ de rédac au magazine Elle, « 06 » laissés à des filles qui ne rappellent pas… « tout de suite ». Après quelques verres de blanc et de San Pé, ça a glissé vers les coulisses du festival de Cannes. « Tu te souviens de cette projo du film de Gaspar Noé ? » « Ouais ! Le porno en 3D, sélectionné pour les séances de minuit du festival… » « Les gens faisaient la queue… »
« Un pass ou un bracelet pour accéder jusqu’à l’église »
Quand le mille-feuille s’est pointé, on en était à parler de la vie… des morts. « Aujourd’hui, quand tu couvres un enterrement de stars pour un journal, il te faut un pass ou un bracelet pour accéder jusqu’à l’église », a lâché Vavasseur. « Comme pour aller à une soirée aux Bains ou à Rock en Seine », a commenté -en décalé- le roi du « pola ». Ouais, pareil…
Imper ceinturé, hauts talons, admirateurs et séducteur…
Au moment du café, la romancière Stéphanie des Horts a fait escale à la fameuse table d’écoute : « je viens juste vous saluer, mais je suis très pressée. Plein de boulot… » Comme d’hab’, aucun mot sur la lauréate du Prix durant tout le déjeuner. L’heureuse élue s’appelle Dominique Paravel. Son livre Giratoire (Serge Safran éditeur) a conquis le jury, composé d’une douzaine de plumes, dont Gérard de Cortanze, Nicolas d’Estienne d’Orves, François-Guillaume Lorrain… Puis, la salle en étage s’est peu à peu vidée. Il était temps de refermer cette parenthèse, délicieusement hors du temps. Une fois sur le trottoir, la créature (soi-disant) « très pressée », en imper ceinturé et hauts talons, refaisait le monde avec deux admirateurs… Le séducteur Colin-Olivier, lui, avait migré depuis belle lurette « au bistrot d’en face » avec une fraîcheur. En quittant Lipp, il s'était enquis : « Malraux n’est pas venu, finalement ?... »