On est loin du Manhattan huppé ou du Brooklyn boboïsé. C’est un New York méconnu du touriste ou du businessman que les frères Safdie -Josh & Benny- montrent dans leur dernier long métrage, Mad love in New York -au cinéma le 3 février-. En faisant des repérages pour un film, Josh Safdie a croisé la route de la jeune Arielle Holmes, SDF, addict à tout ce qui se boit, se fume, s’injecte. Il la revoit, l’incite à raconter son quotidien dans un bouquin. Puis, les deux frères transforment le récit en film : époque formid’. Avec Arielle Holmes dans son propre rôle. Osé. Gonflé. Un vrai pari.
Entre shooteuses partagées et alcools forts ingurgités dès le réveil
Le résultat est époustouflant. Plus vrai que nature. Un mix entre la Mona de Sans toit ni loi, les Kids de Larry Clark, les dingues et les paumés de Drugstore Cowboy. Arielle Holmes crève l’écran. Si bien que le comédien Caleb Landry Jones, qui joue le rôle du « bad boyfriend », a refusé d’être logé à l’hôtel durant le tournage. Il a préféré la rue, pour mieux s’imprégner des bars douteux et autres squats sordides, où ils sont nombreux à survivre entre shooteuses partagées et alcools forts ingurgités dès le réveil. Quant aux Safdie, ils ont multiplié les gros plans sur les ongles noirs de crasse, les ébats à même le bitume, la capsule de bouteille qui sert à préparer le shoot qui n’attend pas. On nage entre désespoir et errance, violence et passion. Une réalité brute, sans filtre, dépouillée de tout artifice. A l’image de certaines scènes que l’on voit parfois dans les couloirs du métro, sur un quai de RER, dans une gare tôt le matin. Là, juste en bas de chez nous.