Pas fréquent de se retrouver deux fois au même endroit dans la même semaine. Nous voici à nouveau dans la galerie de l’Agence Vu, rue Saint-Lazare (Trinité-d’Estienne d’Orves, ligne 12), à 19h14 environ. Il ne pleut plus. Si bien que la cour de l’Hôtel Paul Delaroche est peuplée de fumeurs. Quelques figures connues ou amies : Bernadette Sabathier, Patricia Morvan, Antoine Vernholes, Pierre-Olivier Deschamps, dont les photos de La Samaritaine en travaux, éventrée, désossée, font l’objet de l’expo intitulée Labyrinthe Samaritaine -à voir à la Galerie Vu jusqu’au 29 janvier-. « Rouge ou blanc ? », a demandé Bruno Comtesse, le « roi du pola » pour cette Epok formidable, à une petite maigre aux longs cheveux. Elle a voulu du vin rouge, s’est mise à confondre Philippe Hersant avec Robert Hersant -gênant-, Philippe Vilain avec Philippe Villin -navrant- et à définir son métier tel un drôle de méli-mélo : « j’évolue dans le milieu de la musique et dans celui de la photo, car les deux vont si bien ensemble… » On a coupé court à cette variation autour de L’Etre et le Néant.
Le bruit du glissement du feutre sur les planches-contacts…
Retour aux choses sérieuses. Sur le buffet : cacahuètes, mini sandwiches et autres curiosités salées en forme de sapin. Puis, cet échange entre Deschamps et Comtesse, dont les routes se sont croisées autrefois au Figaro. Séquence nostalgie : ils ont parlé d’Avedon, Bourdin, Roversi… mais aussi du bruit du glissement du feutre sur les planches-contacts au moment de sélectionner des images. Ou encore de cette malle coincée à la douane, à Venise, alors qu’elle contenait tout le matériel photo de Deschamps, dépêché pour couvrir la Mostra. Autres temps, autres mœurs. Aujourd’hui, on voyage léger : il suffit d’un téléphone pour tout immortaliser. La preuve avec cette rubrique, dont les images sont faites à partir d’un iPhone en quelques secondes. Même leur métamorphose en polaroids relève du tour de passe-passe : moins de cinq minutes chrono, toujours sur l’habile mobile qui tient dans la poche de veste de Comtesse. Paresse ou régression ? Rien de ça. Plutôt un jeu de plein air sur une aire de jeu qui s’appelle Paris.