Il en a 500 sous son lit. Ils sont rangés, classés. Dans des boîtes. De quoi s’agit-il ? De CD. Amateur de rock, pop, musique contemporaine, le photographe Bruno Comtesse ne s’est pas encore résolu à se débarrasser de ses disques pour les télécharger. Lorsqu’il a proposé de créer une rubrique baptisée « Premier album » pour cette Epok formidable, j’ai dit oui. Tout de suite. Car derrière cette étiquette, il met aussi bien le premier album d’un artiste ou d’un groupe, que le premier disque que l’on a acheté dans sa vie. Au fil de cette chronique hebdomadaire, des invités seront donc conviés à évoquer leur premier album. Mais Comtesse officiera aussi en solo, voire en duo lorsque nous serons sur la même longueur d’ondes. Aujourd’hui, à lui l’honneur de la primeur. Il démarre avec Inventaire 66, le premier album de Michel Delpech, dont les obsèques sont célébrées ce matin à 11 heures en l’église Saint-Sulpice, à Paris.
« Vous êtes de la famille du chanteur ? »
« Si je me souviens du premier album de Michel Delpech, c’est d’abord à cause d’une coïncidence : le nom du chanteur. C’est également celui de mes grands-parents, ma tante Raymonde, mes oncles, mon cousin et le nom de jeune fille de ma mère. Chez Laurette n’a pas été un tube planétaire, mais le succès était suffisamment important dans le XVIIIème arrondissement, où j’ai grandi, pour que plusieurs fois par semaine j’entende des commerçants de la rue Poulet demander à ma grand-mère : vous êtes de la famille du chanteur ? Et ceux de la rue Dejean d’enchaîner : c’est un cousin à vous ? J’ai cru un jour entendre ma grand-mère, habituellement si modeste, répondre : oui. La notoriété de Michel Delpech devenait alors un peu la mienne.
Comme un polaroid de mon enfance
Inventaire 66, qui figure sur ce premier album éponyme, est un instantané de cette année-là. Tel un polaroid de mon enfance. Ce que j’appelle une chanson liste. Comme Les Playboys de Jacques Dutronc ou Les Cornichons de Nino Ferrer. La curiosité de ce titre de Delpech : les 10 secondes d’intro. Le piano pas vraiment atonal, disons destructuré, serait hors de propos aujourd’hui pour débuter une chanson destinée à passer sur la bande FM. Modulation de fréquence qui, désormais, n’est plus la chasse gardée des mélomanes ».