SUR LES PAS DE BERNADOU / EPISODE 2
L’après-midi, si on le cherche, on le trouve quelque part entre les rues de Seine, Bonaparte et Jacob. Chez lui, c’est ici. A son arrivée à Paris à la fin des années 1960, Saint-Germain-des-Prés l’a adopté. D’emblée. Si bien que Julio Bernadou a habité et travaillé dans le quartier. Son cabinet d’architecte se situait dans une cour, ravissante, voisine de la place Furstemberg. Aujourd’hui, il dessine, conçoit et reçoit dans les cafés : celui des Beaux-Arts, quai Malaquais, où il a sa place sur la banquette de skaï rouge, « sous le portrait de la Joconde ». Là, il aime accorder un fromage à un vin rouge, avec Joe Dassin, Balavoine, Dutronc ou Bashung en fond sonore. Tiens, à propos de Bashung, Bernadou est copain avec Pierre Grillet, « à qui l’on doit notamment les paroles de Madame rêve »…
Ils se saluent sans se connaître…
Ce jour-là, au café des Beaux-Arts, une femme accompagnée de son fils, âgé d’une dizaine d’années, s’asseoit à côté de Bernadou. Ils se saluent d’un mouvement de tête, sans se connaître, juste par politesse, courtoisie. Lorsqu’elle s’adresse à son fils, l’architecte reconnaît la langue de son pays natal. Elle est argentine, comme lui. Il lui parle. Elle sourit. Ils échangent quelques mots. « C’est incroyable ! Nous avons des amis en commun à Buenos-Aires », confie-t-il. Parmi eux, des proches de Gato Dumas, le célèbre cuisinier argentin, disparu en 2004, « mon grand ami et complice de toujours ».
Le nom d’un grand-oncle gravé sur un mur des Beaux-Arts
« J’ai laissé des petites traces partout dans le quartier », raconte Bernadou. On lui doit, en effet, l’une des métamorphose du café Le Pré aux Clercs, ou encore la boutique Freego et son annexe, cachée dans la cour du 11 rue Jacob. Plus intime : « un jour, par hasard, aux Beaux-Arts, j’ai vu le nom d’un grand-oncle gravé sur le monument aux morts de l’école, dans la cour du Mûrier ». A suivre…