« Je suis designer ». C’est comme ça que Victoria Wilmotte se présente quand on ne la connaît pas. Mais il suffit de pousser la porte de son nouveau lieu de travail, pour comprendre qu’elle ne se contente pas de dessiner des objets. Elle en crée aussi les prototypes. Car cette ancienne élève de Camondo et du Royal College of Art (RCA) à Londres aime toucher, activer, manipuler des machines pour mieux « transformer la matière ». Si bien qu’elle a vite vu le potentiel des 140 m2 qu’elle vient d’investir quai des Célestins, à Paris : « mon bureau se trouve au rez-de-chaussée et l’atelier au sous-sol ». Un ensemble qu’elle a baptisé Factory, clin d’œil à Warhol, mais aussi au RCA, « qui permettait aux étudiants de développer un rapport pragmatique avec la création ».
Elle fait soudain fonctionner la plieuse...
Au pied d’un escalier métallique, doté d’un treuil pour descendre ou remonter du matériel, on trouve donc tout pour bricoler. Un esprit « sous-sol du BHV » en version « semi-professionnelle ». Avec scie à ruban, tour, fraiseuse, plieuse… Plieuse qu’elle fait soudain fonctionner, durant notre rencontre, avec une facilité déconcertante. Alors que la machine nécessite réflexes, force, adresse. « C’est un peu votre salle de gym, ici ? » Elle sourit et confie y venir souvent le week-end, d’un coup de Honda Gyro Canopy, estampillé VW et immatriculé en Grande-Bretagne. A 30 ans, Victoria Wilmotte travaille actuellement sur la rénovation d’un restaurant à Paris, une salle de réunion d’un grand groupe industriel et vient de voir ses propositions acceptées pour une collection de bétons pourvus de motifs. Aucun de ses anciens profs ne lui a encore demandé de venir raconter son parcours aux étudiants. Dommage. Car son discours vaut le détour. Et son expérience, déjà grande, pourrait éviter bien des déboires aux débutants. A commencer par la façon dont elle a trouvé ses locaux face à la Seine : « je me suis connectée au site de la Mairie de Paris, rubrique Professionnels ». Epoque formidable.