Suite et fin de l’enquête sur les repas de fêtes, attendus par les uns, redoutés par les autres. Crise économique et familles recomposées ont-elles des conséquences sur la réussite -ou pas- d’un dîner avec dinde et bûche ? Regards croisés de chefs étoilés, pâtissier et universitaire.
Le buffet serait donc l’une des mises en scène idéales pour réussir son repas de fête. En tout cas, c’est le scénario retenu par Christophe Moret, le chef étoilé du Shangri-La, à Paris. Chez lui, Noël, c’est sacré. Si bien qu’il ne travaille pas ce soir-là. "Noël, c’est une fête de famille, dit-il. La soirée s’articule autour d’un apéritif dînatoire copieux, de la messe de minuit et, au retour, on ouvre les cadeaux, puis on prend le dessert". Côté produits, il mise sur des huîtres, du foie gras, une oie, des châtaignes, un fromage et trois desserts différents. "Même avec un budget serré, on peut s’en sortir : il suffit d’être un peu imaginatif ou de s’’inspirer de recettes trouvées sur le Net".
Faire rêver pour sortir de la morosité
"A Noël, il y a quelque chose de magique, renchérit l’artisan chocolatier et chef pâtissier Jean-Paul Hévin. Les gens ont envie de rêver". Cette année, il décline chocolats et pâtisseries sur le thème des "pieds sur terre et la tête dans les étoiles" : "il faut sortir de la morosité", reprend-il. Avis partagé par Alain Pégouret, chef étoilé du Laurent à Paris : "le repas rassemble. On est heureux de partager". Et pourtant, le Cannois n’a pas que de bons souvenirs : "quand j’étais plus jeune, je détestais le déjeuner de Noël, car on commençait à 12h30 et on terminait à 18h30. Il fallait m’attacher à table ! Mais, avec l’âge, on n’oublie pas d’où l’on vient et, aujourd’hui, j’aime renouer avec cette tradition".
L’occasion de se déconnecter
"Le repas de Noël permet, en effet, de faire jouer les appartenances régionales. Que ce soit avec les treize desserts provençaux, la palombe ou l’ortolan dans les Landes ou encore les préparations au vin dans le Bordelais", complète Olivier Etcheverria, enseignant chercheur sur la gastronomie à l’Université d’Angers. Une façon de prendre du recul avec son quotidien, se remémorer le passé, ouvrir une parenthèse. Ce que Christophe Moret appelle "se déconnecter pour profiter de l’instant présent". Et lui le fait dans tous les sens du terme : "à Noël, je ne consulte pas mes mails et je réponds très peu au téléphone".
© Bûche d'enfer / JP Hévin