Les fêtes de fin d’année sont attendues par les uns, redoutées par les autres. Pourquoi ? Crise économique et familles décomposées, recomposées ont-elles des conséquences sur la réussite -ou pas- d’un repas de Noël ? Regards croisés -en deux épisodes- de chefs étoilés, pâtissier et universitaires qui s’intéressent de près à nos comportements liés à la table.
Fête délicieuse ou pernicieuse ? Retrouvailles familiales ou coup de cafard ? Dans le film de Thomas Vinterberg, Festen, sorti en salle en 1998, Noël s’apparente à un mélange de tout cela. Les membres d’une famille se retrouvent autour d’un dîner, mais c’est aussi l’heure de vérité et des bons comptes qui ne font pas toujours les bons amis. Comme dans la vraie vie. “ Le fait de célébrer Noël dans une salle à manger, un salon, voire une cuisine, contraint à se réunir dans une pièce fermée. Tout est donc abordé dans un lieu clos : la politique, la religion, les questions sociales ou familiales… Impossible de s’échapper sur une terrasse ou dans un jardin, comme lors d’un mariage en été ”, observe Nadine Cretin. Docteur en histoire et spécialiste des relations entre le territoire et les usages festif, rituel et spirituel, elle est l’auteur des Fêtes de la table et traditions alimentaires (Le Pérégrinateur éditeur). “ Noël est une période douloureuse pour les personnes seules, poursuit-elle. Et, à l’heure des familles recomposées, il ne faut pas croire que les enfants sont plus heureux parce qu’ils fêtent Noël jusqu’à six ou sept fois avec les parents, grands-parents, beaux-parents…”
La crise n’empêche pas l’abondance
A Noël, ce qui fédère encore, c’est la table et ce qu’il y a dessus. Epoque formidable. La crise a beau être passée par là, les caddies des supermarchés ne désemplissent pas à la veille des fêtes de fin d’année. Car, en dépit des soucis et autres contentieux familiaux, on part du principe qu’il faut “ préparer un repas copieux, avec des mets qui sortent de l’ordinaire ”, souligne l’historienne. “ Le repas de Noël est synonyme d’abondance, plus que de qualité, précise Olivier Etcheverria. Même s’il est pris au sein d’une famille plus ou moins élargie aujoud’hui, il a quelque chose de pléthorique et peut prendre la forme d’un buffet qui permet de mettre en scène cette notion de diversité et de choix ”, explique l’enseignant chercheur sur la gastronomie à l’Université d’Angers. A suivre…