Il lui ressemble trait pour trait. Le portrait de Philippe Vilain qui se dégage du livre dirigé par les universitaires Arnaud Schmitt et Philippe Weigel, Philippe Vilain ou la dialectique des genres (Orizons), reflète avec justesse le profil de l’écrivain né en 1969, auteur d’une vingtaine de romans et essais. L’ouvrage raconte, décode, analyse aussi son travail : l’autofiction, les sources d’inspiration, la rencontre avec Annie Ernaux ou encore la complicité avec le réalisateur Lucas Belvaux, lorsque le livre de Vilain, Pas son genre (Grasset), a été adapté au cinéma. Le cinéma, justement, le romancier en parle : enfant, il n’y allait pas. « Il n’y avait pas de cinéma où nous habitions. Il fallait prendre la voiture. C’était compliqué (…) ». Alors le petit écran faisait office de grand : sa culture cinématographique a démarré avec Les Tontons flingueurs, Le Clan des Siciliens, Jeux interdits, Quand passent les cigognes… C’est durant ses études de Lettres modernes, à Rouen et Paris, qu’il a découvert le cinéma italien des années 1960 : La Dolce vita, La Notte -dont il a su par cœur la fameuse lettre dactylographiée-... Puis, plus tard, L’Incompris, qui l’a fait pleurer. L’ouvrage dirigé par Schmitt et Weigel, qui peut d’emblée paraître un brin austère, se lit finalement comme un roman, se déroule comme un film. En 2008, pour la sortie de son livre Faux-Père (Grasset), Vilain confiait à une journaliste du Monde qu’il avait l’impression « d’être écrit par les situations et les personnes que je rencontre ». Ici, il est écrit, décrit même, par des personnes qui l’ont rencontré, lu, compris. Epoque formidable.
©Rüdy Waks