Né à Neuilly, il vit à Boulogne -« j’ai besoin de calme »-, bosse dans l’Est parisien et donne ses rendez-vous au Select, à Montparnasse. « Parce que ma première interview, en tant qu’interviewé, a eu lieu dans ce café », confie Christophe Ernault. Son premier album, Aucun mal ne vous sera fait, venait de sortir dans les bacs. C’était en 2008. Avant, ce fils de journaliste sportif avait enchaîné études d’histoire contemporaine à la Sorbonne, IFP à Assas, figuration chez Karl Zéro sur Canal+, scénarios pour KD2A (Karrément Déconseillée Aux Adultes) sur France 2 et pour les séries à succès Un gars, une fille, ou encore La Minute blonde. C’est en composant pour Adrienne Pauly que les portes de chez Barclay s’ouvrent à lui. Il change alors de nom pour devenir Alister -Christophe, c’était déjà pris…-, se fait repérer avec le tube Qu’est-ce qu’on va faire de toi ?, qui inspire un titre de roman à Camille Laurens (Romance nerveuse, Gallimard), et part en tournée. Une soixantaine de dates à travers la France en mini bus, « avec quatre potes musiciens » : « c’était comme une colo », les groupies en plus. Dans la foulée, il boucle un deuxième album. Mais celui-ci tarde à sortir. Alors Alister redevient Ernault et planche sur un projet de revue qui a le format d’un livre. Avec la complicité de Laurence Rémila, rédacteur en chef de Technikart, il crée Schnock, un trimestriel édité par La Tengo, encensé par la presse et qui tire à 15 000 exemplaires. Un ovni vendu en librairie.
« Schnock, c’est un peu comme un bras d’honneur »
« Revue des vieux de 27 à 87 ans », Schnock dénote. Dépote aussi. En mettant Jean Yanne à sa Une, ou encore Desproges, Dutronc, Sardou… « Rien de nostalgique dans tout ça, explique Ernault, qui vient de relire Montherlant. C’est juste un regard sur la culture du passé ». Un œil dans le rétro et sur les figures d’une époque -formidable-, à la fois grandes gueules, élégantes, désobéissantes. « Une chose nous unit : l’envie d’échapper à l’hystérie de l’époque en faisant un pas de côté, histoire de revisiter le passé en prenant son temps. Sans être ni réactionnaires, ni rétrogrades : l’invention de la roue et de l’iPod furent de grandes avancées pour l’humanité, nous l’admettons volontiers », écrit le duo Ernault-Rémila. « Schnock, c’est un peu comme un bras d’honneur », reprend Ernault, en solo. C’est osé, gonflé, décalé, à l’instar de l’émission Bleu, Blanc, Schnock, chaque samedi à 18 heures sur Oüi FM, qu’il co-anime dans la peau d’Alister, avec Mathieu Alterman. Un peu schizo, le Ernault ? La question le fait sourire. Pour se définir, il préfère dire : « j’ai 41 ans, je ne suis pas marié, je n’ai pas d’enfant, je vis sans voiture ». Et pour évoquer la singularité, il cite volontiers Descartes : « Je ne veux même pas savoir qu’il y a eu des hommes avant moi ». Plutôt intello, en fait, l'accro aux bons mots.