Pour amorcer septembre, tout Paris se met à l’heure des hipsters. Derrière cette appellation hyper contrôlée se cache des pseudo-branchouilles, avec barbes, lunettes, tatouages, casquettes, bonnets ou chapeaux. Une panoplie qui relève du copié-collé. Ils se piquent tous leurs tics. Leurs références relèvent du fourre-tout : ils piochent ici, picorent là, suivent celui-ci, imitent celle-là. Ils sont comme écartelés entre Miles Davis et Yael Naïm : c’est chez Merci qu’on le dit. Son expo Slow Life qui va durer du 1er au 22 septembre sera truffée de « keep cool », « life is beautiful » et d’« envie de retrouver le sens des choses sans prise de tête ». Le « destination store » parisien cite même un journaliste des Inrocks comme parole d’évangile : « le cool a la beauté secrète d’une allure de vie, d’une manière d’exister, décentré au cœur du monde ». Pas compris ce que le p’tit gars a voulu dire… On se saoule de mots, de vide, de rien. Epoque formidable ? Pendant ce temps, l’Institut suédois prépare un « week-end vélo » les 12 et 13 septembre. Au programme : ateliers de réparation « Do it yourself » et de customisation du gilet de sécurité -si, si, c’est possible !-. On n’oublie pas non plus le « débat participatif »… en anglais. Normal, quand le Bon Marché se met à l’heure de Brooklyn, mieux vaut savoir manier la langue de Shakespeare. Un Brooklyn où le prix du mètre carré rivalise désormais avec celui de l’Upper East Side : d’où sa présence dans le temple du luxe de la rive gauche ? Plus rien à voir avec le Brooklyn des années 1980, où ils étaient peu à s’aventurer. A part ceux qui osaient sortir du rang. Les désobéissants. A l’instar des futures stars du street art. « C’est ce qui m’a plu quand j’ai débarqué pour la première fois à Brooklyn en 1986, a confié Cyril Aouizerate dans un récent numéro de Côté Paris. A l’époque, c’était encore une terre assez violente. Mais, ce que j’aimais, c’était marcher toute la journée, sans guide, sans argent, pour découvrir, apprendre, comprendre, rencontrer, comme un ethnologue ». Créateur des restaurants MOB de Paris et New York, Aouizerate vit dans les deux villes, compare Brooklyn à ce que sera bientôt Saint-Ouen et continue de prendre le métro en sortant dans des quartiers qui lui sont inconnus, « pour voir, pour sentir ». « Quand New York me manque, je vais me balader du coté des Olympiades dans le 13ème et je mange des pad thaï ». On est loin de la Grande Epicerie de la rue de Sèvres ou de la Maison Plisson du boulevard Beaumarchais.