L’auto-promo est un don chez les stars de la com’. En effet, je ne parle plus de journalisme, mais bien de communication quand j’évoque ces détenteurs de carte de presse qui font eux-mêmes leur propre pub. Parce que, c’est bien connu, on n’est jamais si bien servi que par soi-même. A ce petit jeu, je pensais que le record était détenu par Christophe Hondelatte : en septembre 2011, il avait assuré lui-même la promo de la sortie de son CD, dans le journal de RTL qu’il présentait alors. Et puis, hier soir, par hasard, en appuyant sur la télécommande, j’ai pris en cours de route un documentaire consacré à Stéphane Bern. Une redif’, paraît-il. Peu importe. J’ai pris le train en marche. Je me suis laissée « berner », à défaut d’être bercée. Le docu diffusé sur France 2, chaîne où le « prof d’histoire du XXIème siècle » est lui-même animateur, était une ode à l’ex « Fou du roi » de France Inter. Un petit bijou du genre, avec les copains-copines qui témoignent, le papa aussi, sans oublier la voyante Yaguel Didier… Une interminable séance de cirage de pompes : époque fort minable ! Et puis cette scène, filmée lors des cérémonies du 70ème anniversaire du Débarquement en Normandie, où Bern quitte soudain la plage pour s’inviter -comme ça, sans carton- dans la tribune où sont parqués les chefs d’Etat. La caméra zoome sur les traces laissées sur le tapis rouge par les semelles pleines de sable du « grand reporter ». Plus comique encore : on nous fait croire que cette échappée est totalement improvisée. Spontanée. Preuve à l’appui : Bern salue Hollande, comme s’il retrouvait un copain de lycée dans un bistrot de quartier… Mais de qui se moque-t-on ? En 2015, quel téléspectateur peut encore avaler ça ? Comment peut-on imaginer une seule seconde qu’approcher le « PR » se fait sans passer des dizaines de coups de fil à son service de com’ plusieurs semaines en amont ? On paye une redevance pour que l’on nous serve du docu-menteur. On s’en doutait. On n’est pas dupe. On a même appris à slalomer, prendre la tangente, emprunter les chemins de traverse. Mais c’est toujours flippant quand, par erreur, on remet un pied dans le droit chemin.