Avoir ou pas son tapis de yoga ? Telle est la question. Dans la rue, dans le métro et même récemment dans le TGV, je croise de plus en plus de personnes équipées. Formées, formatées, elles sont prêtes à déplier, déployer le fameux accessoire -obligatoire ?-, tel un étendard, pour prendre la pose. La bonne posture. Imposture ? Il y a dix ans, quand une consoeur m’avait vanté les bienfaits du yoga bikram, à la terrasse d’un bistrot place de la Madeleine, où les bus nous frôlaient, je ne me sentais pas particulièrement… zen. Elle, si. Bikram oblige. Une séance de macération et de transpiration dans un espace confiné et surpeuplé permettait, selon elle, de tout supporter… même la proximité des pots d’échappement en plein 8ème arrondissement ? Il faut croire qu’elle n’était pas la seule à être convaincue. Car, aujourd’hui, la « yoga party » est partout. Un gourou fait même payer 100 euros le cours de gesticulations avec méditation comprise, dans un square parisien, à des nanas tout de noir vêtues : époque formid’. Plus dingo encore : le 21 juin dernier a été décrété « première journée mondiale du yoga ». Pour l’occasion, un « yogathon » a été organisé sur les plages du Prado, à Marseille. Au programme : cours de yoga gratis et challenge de « 108 salutations au soleil » pour recueillir des fonds au profit d’enfants défavorisés… Et que dire de cette chaîne d’hôtels française qui prévoit, en septembre prochain à Paris, un trio « brunch-apéro-yoga », avec des cours « animés par les pétillantes ambassadrices de Lolë, la marque de vêtements sportifs qui monte »… On est loin du type en couv' du livre récemment paru chez Taschen (ci-dessus). Reste qu'une partie des lectrices de ce bouquin sont sans doute habillées par Lolë.