C’est l’été meurtrier : après Laurent Terzieff, Bernard Giraudeau, c’est au tour de Bruno Crémer de disparaître. Une personnalité à part, qui avait croisé les routes de Gérard Philipe et Jean Anouilh, se baladait avec L’Equipe sous le bras et donnait ses rendez-vous parisiens au Montalembert. En prenant un café avec lui, dans ce même hôtel en novembre 2000, à l’occasion de la sortie de son livre « Un certain jeune homme » (éditions de Fallois), il m’avait confié écrire « depuis toujours » : « adolescent, je couchais sur le papier tout ce qui m’arrivait ». Natif de Saint-Mandé, il se disait « fan de foot, de Montaigne et de Wim Wenders ». Une gorgée de café plus tard, il parlait de Maigret : « c’est un beau rôle -même si je préfère le cigare à la pipe- et Simenon est un grand romancier ».
Puis, nous avons disserté sur ces stars qui se croisent et se sautent au cou sans se connaître –époque formidable-. Crémer détestait. Or, au même moment, Arielle Dombasle a traversé le hall du Montalembert, enveloppée dans un châle et les cheveux détachés : « Bruno, comment vas-tu ? » L’acteur s’est levé, a salué l’héroïne rohmérienne. Puis, il est revenu s’asseoir en face de moi : « cette fois, c’était sincère, car nous avons tourné un épisode de Maigret ensemble ».