Prendre la ligne 12 du métro parisien le matin à 8 heures ou à 8h10, ça change tout. A 8 heures, station Sèvres-Babylone, les wagons sont encore à peu près fluides. RAS. Dix minutes plus tard : RAF -rien à foutre !-. Face à un quai bondé, il faut monter à tout prix. C’est chacun pour soi. On pousse. On se pousse. On piétine les pieds des autres. On a le nez dans le sac à dos du type juste devant. Le bras coincé entre une nana iPodée, seule au monde, et une autre qui arrive à lire son 20 minutes au milieu de cette foule tassée, entassée, déjà stressée pour la journée. Optimiste, je me dis qu’à Concorde, ça va descendre. Non. Ça monte encore. Avec, en tête, une jeune femme dont le bébé est attaché, harnaché autour de son ventre. Vu du fond du wagon, l’enfant semble lui servir à la fois d’airbag et de voiture-bélier. Personne ne bouge. Personne ne se bouge. L’enfant est coincé, écrasé, sans broncher. Sans doute déjà habitué à être ainsi trimbalé dans notre époque si formidable.