Ça se passe à Brooklyn. Un resto baptisé EAT propose, chaque premier dimanche du mois, de manger végétarien… en silence. Autrement dit : on mâche, on déglutit, sans faire de bruit. Interdiction de papoter, bavarder, refaire le monde. La bouche ne sert qu’à mastiquer. En voilà une drôle d’expérience. Car manger n’est-ce pas avant tout partager, échanger, communier ? Il n’en demeure pas moins que EAT affiche complet. Ils sont nombreux, en effet, à vouloir déjeuner en paix. Comme s’il devenait urgent de rompre avec le bruit ambiant, les pollutions sonores des voisins de table et les sonneries de portables…. insupportables ! D’aucuns sont prêts à payer pour ça. Comme dans le clip Respire de Mickey 3D, où des enfants prennent un ticket et font la queue pour aller gambader dans une prairie factice... Notre époque si formid’ relègue désormais nature et naturel, silence et bienséance au rang d’exception, de rareté, de luxe. Surtout dans les grandes villes, où l’on prend le métro comme des robots. On ne regarde plus, on ne se regarde plus. Alors on s'enferme, on se ferme, le temps d’une soupe bio, dans un resto-bobo où le premier qui parle a perdu.