On prend la température d’une ville par ses bistrots, ses transports en commun, ses magasins et… son marché de l’immobilier. Voilà une dizaine de jours, j’ai visité un studio perché au 5ème étage d’un immeuble du boulevard Saint Germain, côté rue du Bac. Traversant, cet appartement donnait à la fois sur les toits du boulevard et, côté cuisine, « sur le Sacré Cœur », m’a expliqué l’agent immobilier. « Sur le Sacré Cœur, mais aussi sur le Louvre et l’Opéra Garnier », ai-je complété. « Ah ! Je ne savais pas », a rétorqué l’agent qui connaissait Paris comme moi Tombouctou ! « Je me demandais ce qu’était cette coupole », m’a-t-il dit en pointant du doigt l’Opéra. Epoque formidable. D’aucuns vantent et vendent désormais Paris sans en connaître ni les quartiers, ni les monuments. Preuve que ces agents d’un autre type s’adressent à des touristes, voyageurs, passagers, expatriés qui louent ou achètent une « belle adresse », mais se moquent bien de savoir s’ils sont voisins de palier d’un dessinateur connu ou proche du dernier domicile d’Apollinaire. On savait que Paris perdait peu à peu ses Parisiens, mais la capitale laisse aussi partir ceux qui peuvent et savent parler d’elle. Aujourd’hui, Paris préfère les randonneurs aux flâneurs, le fric au chic, la Rolex au Solex. Il faut faire avec.