Il s’appelle Charles Bernabé. A 27 ans, il travaille au sein de la brigade du chef cuisinier Christophe Hay, à La Maison d'à Côté, tout près de Blois. Voilà encore deux ans, sa carrière devait se faire dans la banque ou la finance. Car il sortait tout juste de l’Edhec. Et puis, en cherchant un petit job pour rembourser son prêt étudiant, il a poussé la porte du Café du Rendez-vous, place Denfert-Rochereau, à Paris, et sa vie a changé... « Le patron acceptait les profils sans expérience », se souvient Charles Bernabé. Il a donc sa chance, comme barman. Amateur de petits plats et autres douceurs sucrées, il se lie d’amitié avec le chef cuisinier. Si bien que lorsqu’une place de commis se libère derrière les fourneaux, on la lui propose. Et il l’accepte. Adieu la banque, la finance. « A l’Edhec, j’ai appris à apprendre », dit-il. Une méthode de travail qu’il va appliquer dans les coulisses du Rendez-vous. Et ça marche. Il enchaîne les services. Il marque. On le remarque. Le 1er avril 2013, Christophe Hay, alors chef à l’Hôtel de Sers, l’intègre dans sa brigade au poste de commis. « Le rythme était soutenu et j’ai dû gagner ma place », se souvient Charles Bernabé. Mais il lui en faut plus pour baisser les bras : les classes prépa, ça blinde ! Un an plus tard, lorsque Christophe Hay quitte Paris pour reprendre La Maison d'à Côté, à Montlivault, le jeune commis le suit. « Aujourd’hui, je travaille avec des gens que j’aime, dit-il : Christophe Hay et son second, Nicolas Aubry, prennent le temps de me montrer les gestes, les cuissons, les techniques. Je me sens comme dans un cocon ». Sa famille ? Elle l’a laissé faire. Ses copains de l’Edhec ? « Ils s’y attendaient ». Et ce d’autant que Charles Bernabé se dit issu d’une génération où il n’est plus si rare de « changer d’orientation » après une grande école : « on veut faire les choses autrement ». Désormais chef de partie, il continue d’apprendre, découvrir, comprendre : « en ce moment, dans le jardin du restaurant, j’apprends à reconnaître les fleurs comestibles et les végétaux sauvages que l’on peut ensuite cuisiner ». Son avenir ? C’est trop loin. « Je ne me projette pas dans le futur, mais seulement dans la prochaine saison, celle qui va apporter de nouveaux fruits, légumes, fleurs… » Une autre notion du temps dans notre époque si formidable.