Paris, à la veille de la rentrée. Au bistrot, on parle impôts. Au bureau, on reprend le boulot. Et les abords de la machine à café affichent complets. Pour rompre avec ce soupçon de morosité, deux événements se profilent avec le thème du « partage » en ligne de mire : le salon Maison & Objet et Paris Design Week. D’aucuns parlent même de génération G : G comme « générosité ». Parce qu’aujourd’hui, on partage tout : son auto, son studio, son bureau, ses photos… Posséder, c’est démodé ! Et le secteur de la déco et du design surfe sur cette vague en vogue. Bien joué ! Sauf que derrière ce joli parti pris se cache quelques intrus. Exemple : ce duo de chaises « vintage » estampillé Thonet et vendu actuellement quelque 1 500 euros au 1er étage du Conran Shop, à Paris, quand leurs jumelles ne dépassent pas les 200 euros dans une brocante du Maine-et-Loire. Là, on n’est plus vraiment dans le « partage », mais plutôt dans une mise en scène sophistiquée pour bluffer bobos et gogos qui croient que le formica c’est le nec plus ultra. Il faut donc se frayer un chemin au milieu de ça. Car tout n’est pas à jeter. Gardons les yeux ouverts, fouinons, flânons, échangeons : le partage passe d’abord par la parole. Pour en être convaincu, il suffit d’aller voir -de ma part !- les graphistes Ich & Kar, qui profitent de Paris Design Week pour présenter leur « bande de Mexico » au resto Le Derrière, rue des Gravilliers. Pendant ce temps, dans notre époque si formidable, le Stolen Dance des Allemands auto-produits de Milky Chance a dépassé, cet été, les 61 millions de vues sur YouTube : car en 2014, le partage, c’est aussi ça !