A ceux qui pensaient que la mention « Fait Maison », désormais en vigueur au resto, allait garantir de la cuisine de grand-mère dans toutes les assiettes : c’est mal barré ! Parce que l’article II du décret paru en juillet au Journal officiel indique que « peuvent entrer dans la composition d'un plat fait maison, les produits qui ont été tranchés, coupés, broyés, hachés, nettoyés, désossés, dépouillés, décortiqués, taillés, moulus ou broyés, fumés, salés, réfrigérés, congelés, surgelés ou décongelés ». Tout un programme. L’idée que l’on puisse payer cher pour se faire servir des lasagnes décongelées dans un resto, alors qu’on aurait pu manger mieux chez soi pour trois fois rien, sans voisins bruyants ni musique d’ascenseur, ça fout la trouille. Tous les produits bruts congelés ont donc leur place dans un plat estampillé « Fait Maison » et servi au resto. Chapeau ! Exception faite des frites : les congelées n’ont pas droit à la mention. Sinon, les fast food serviraient, eux aussi, du « Fait Maison » : « et là, faut pas déconner », a du se dire le législateur de notre époque si formidable. Il ne faut plus s’étonner si touristes, promeneurs et randonneurs préfèrent remplir leur sac à dos de sandwiches « maison » que de faire une pause à la terrasse d’une brasserie qui affiche du « vrai faux fait maison ». A ce train-là, seules les tables qui auront le meilleur bouche-à-oreille dans une ville, un arrondissement, un quartier risquent de tirer leur épingle du jeu. Car à force de multiplier labels et logo, tels que « Restaurant de qualité », « Restaurateurs de France », « Maître restaurateur », « Qualité tourisme » et désormais « Fait Maison », on perd ses repères. A l’instar de la politique : on ne croit plus à ce qu’on nous sert et encore moins à ce qu’on nous fait avaler.