Après l’arrière de la Samaritaine récemment éventré, c’est le pont des Arts qui vient d’être amputé. Une partie de son grillage s’est effondré sous le poids des milliers de cadenas accrochés sur le pont depuis 2008. Cadenas sans clé ni code pour une drôle de mode. Cadenas dits « d’amour », comme s’il fallait absolument défigurer, dénaturer un pont de Paris pour sceller une union, avant de jeter la clé dans la Seine. De quoi en faire toute une… scène. D’ailleurs deux Américaines font circuler une pétition pour supplier la mairie de retirer les cadenas, qu’elles jugent dangereux et peu heureux pour la belle passerelle. Deux Américaines… même pas deux Parisiennes. Comme si les habitants de la capitale avaient abdiqué. Baissé les bras. Pour devenir des robots, qui enchaînent métro, boulot, dodo. Pendant ce temps, les cadenas attaquent d’autres ponts -celui de l'Archevêché, les passerelles Simone-de-Beauvoir, Léopold-Sedar-Senghor, Solférino ou celle du canal Saint-Martin- et même la Tour Eiffel. Une quarantaine de cadenas ont été signalés au sommet de l’édifice. A ce stade d’invasion, on rêve d’évasion dans notre époque si formidable.