Chose promise, chose due. Dans le « post » précédent, j’évoquais ma rencontre avec l’artiste Zevs dans une galerie de la rue de Richelieu, à Paris. Zevs, alias Aguirre Schwarz. Ses sources d’inspiration : la nuit, la vie, la ville et les marques qui se remarquent. Il les contourne, les détourne, pour mieux les dissoudre, les liquider, les faire dégouliner. Ce qui lui a parfois coûté cher. Comme à Hong Kong en 2008, où il a évité la prison de justesse pour avoir « malmené » le logo Chanel sur le mur face à la boutique éponyme. Parce que Zevs se balade un peu partout dans le monde. Il vit d’ailleurs entre Paris -un peu- et Berlin -beaucoup-. Jusqu’au 24 juin, une sélection de ses œuvres et performances sont à voir à La Vitrine am (24 rue de Richelieu, Paris 1er), dans une expo intitulée Retrovizevrs. A ne pas manquer : l’œuvre sonore réalisée en 1998 et montrée aujourd’hui pour la première fois. L’enregistrement dure une heure : on se dit que 10 minutes suffiront, mais on est vite accro. Car, dans cette drôle de bande son, Zevs contacte par téléphone une pléiade de galeristes parisiens, des rives gauche et droite, auxquels il demande : « comment devient-on artiste ? ». C’est direct, décalé, désinvolte, tantôt teinté de l’absurde de la vraie-fausse interview de Sagan par Desproges. Et surtout ça laisse, d’emblée, sans voix tous les interlocuteurs, qui ne savent pas si c’est… de l’art ou du cochon ! « Je n’ai pas compris la question », dit l’un. « On naît artiste », répond l’autre. « Allez vous décrasser les yeux au Louvre », suggère-t-on aussi à Zevs. On rit, on sourit et on s’inquiète face à l’hermétisme ambiant d’un univers qui ne devrait n’en comporter aucun. Cette installation sonore est présentée dans une valise, clin d’œil à Duchamp, et s’accompagne d’une centaine de polaroids témoins des actions urbaines de Zevs. Zevs qui sévit la tête enfouie sous un bas imprimé léopard, histoire d’avancer masqué face aux marques et remarques. « C’est le théâtre qui m’a appris ça », confie celui qui a fait de la rue « sa » scène. Dans notre époque si formidable, on rêverait qu’un prof des Beaux-Arts montre à des étudiants de 1ère année ne serait-ce qu’un quart d’heure de la valise sonore de Zevs. Pour les faire agir, réagir et les inciter à oser, s’engager, sortir du troupeau.
A SAVOIR : les éditions Alternatives publient, en septembre, la première monographie consacrée à Zevs. 100 exemplaires « collector » sont d’ores et déjà disponibles à La Vitrine am.
©Liquidated Chanel, peinture murale, Zevsonite, Zurich 2007 ®ZEVS (courtesy Depury&Luxembourg )