La première fois que j’ai vu ses dessins de Paris, c’était dans la vitrine de la Galerie Médicis, face aux grilles du Luxembourg. J’habitais à deux pas. Je passais devant tous les jours. Ça fait un bail. Depuis, la galerie a disparu. On y a mis de la bouffe à la place. Mais l’illustratrice Dominique Corbasson continue de croquer la capitale. Du Bon Marché à Pigalle, en passant par la résurrection du Louxor, la Tour Eiffel ou les quais, tout l’inspire. Epoque formidable : une partie de ses vues de Paris viennent d’être réunies dans un joli bouquin intitulé Parisienne (Alain Beaulet Editions). Une belle balade. Une invitation à la flânerie dans les rues de Paris. Avec des personnages qui se résument à des silhouettes, mais dont les détails font la différence, la nuance : un chien, un chapeau, un sac, un vélo, une bouteille d’eau… Pour Corbasson, la Parisienne est « fine, grande, elle aime bien la mode, elle a toujours un petit détail de couleur qui rappelle son sac ou ses chaussures… Elle n’est jamais ridicule… Elle a toujours cette idée en tête d’être élégante », a-t-elle confié au micro de France Inter. Et puis la Parisienne de Corbasson se moque du regard des autres. Elle est libre, légère, souriante, curieuse, audacieuse, astucieuse… on en voudrait des tas, des copines comme ça ! Cachée derrière des lunettes de soleil au moindre rayon, jamais sans un foulard autour du cou, souvent en jeans, parfois en kilt, Corbasson la discrète sillonne les villes : Paris, Tokyo, San Francisco, Bruxelles ou Lille. A pied ou à vélo, elle arpente les rues, les places, en quête d’une ambiance, d’une couleur, d’une allure… Mon dernier coup de rouge avec elle, dans un resto voisin du lycée Jacques Decour, m’a valu un dessin où elle a immortalisé la marinière que je portais ce jour-là. Du bleu, du blanc et mon verre de rouge : c’est le « made in France » à Paris, à midi, selon Corbasson !