On adore les Parisiennes de Kiraz. On adhère aux filles croquées dans les célèbres « Pola’ » de Delhomme -oui, les Polaroids publiés dans le Glamour des années 1980-… Aujourd’hui, qui se risque à caricaturer celles qui prennent le métro ? Pas grand monde. Pourtant « les nanas de la ligne 12 » -voilà un joli titre !-, entre Bac et Madeleine, valent le détour pour leurs atours. En l’espace de quatre stations, j’ai récemment croisé une étudiante vêtue d’un slim noir, doudoune assortie, Malabar dans la bouche, sac fuchsia estampillé SciencesPo. sur l’épaule et, dans les mains, un bouquin aux allure de bottin consacré à… Mandela. A l’Assemblée, une grande tige, gantée, emmitouflée, est montée et, jusqu’à Madeleine, elle n’a cessé de recoiffer sa tignasse blonde face à la vitre de la porte du wagon. Et puis que penser de celle qui a grimpé dans la rame à Concorde, avec un sac « Isabel Marant pour H&M » plus gros qu’elle et bourré de paquets ? « J’ai fait les soldes et j’assume », semblait-elle dire lorsqu’elle s’est posée, reposée, sur le strapontin voisin du mien. Enfin, une fois hors du sous-sol, le clou du spectacle a été cette septuagénaire, « mini-jupée », « iPodée », perchée sur des bottines à talons et venue rapporter ses capsules de café usagées chez Nespresso : « non, non, jeune homme, je n’ai pas besoin de faire la queue. Je cherche juste votre… poubelle », a-t-elle dit au planton planté devant la boutique. Epoque formidable.