Edifiant. Hier soir, je me suis retrouvée dans une navette censée relier l’Opéra Garnier à Ville d’Avray à 18h30. Nous avons mis 90 minutes pour parcourir une quinzaine de kilomètres : bienvenue en Ile de France. Mais le pire n’est pas là. J’ai partagé cette navette avec quatre consoeurs et un confrère. Et oui : des journalistes, comme moi.
Sur les quatre nanas, deux ne parlaient que japonais et sont donc restées muettes. Problème réglé. Les deux autres étaient scotchées sur leur iPhone. Quant au confrère, lui aussi attendait le scoop du jour les yeux rivés sur son téléphone. Silence de mort dans la navette. Tout juste quelques « bip bip » pour signaler l’arrivée ou le départ d’un message. Ambiance. Alors que nous sommes censés être des pros de la com'...
Puis, avant d’atteindre notre destination, le confrère a ajusté sa tenue : chemisette imprégnée des plis du repassage, pantalon trop étriqué -alors que monsieur avait de la bedaine- et lunettes de soleil sur le nez dans une navette aux vitres fumées.
Epoque formidable ? Oui, car j’avais l’impression d’être au cirque. Mais époque détestable aussi, parce que ces caricatures, pathétiques et sans chic, font la mode, les tendances, l’opinion et les journaux.
De Ville d’Avray, je préfère donc garder le souvenir du film de Serge Bourguignon, « Les dimanches de Ville d’Avray », récompensé par l’Oscar du meilleur film étranger en 1962.