« Est-ce parce que j’habite dans un immeuble haussmannien que je dois rentrer chez moi avec un haut de forme ? » En voilà une drôle de question. Jamais on avait vu son hall d’entrée sous cet angle. C’est à l’occasion d’un débat sur les liens entre mode et architecture que les 14 étudiants de la Licence Management et productions textiles, du lycée Albert de Mun, à Paris, se sont ainsi interrogés. Avec l’architecte Didier Knoll, venu les rencontrer au lycée, ils ont analysé, décrypté, décodé la « fonction de protection », le « rôle social » du vêtement et du logement. Car l’habit a longtemps fait le moine. Même scénario pour l’habitation. Mais, les lignes ont bougé. Elles bougent encore. Adieu les peaux de bêtes qui isolaient du froid. Et les pêcheurs ne sont plus très nombreux à vivre dans une cabane… L’uniformisation prend le pas sur la personnalisation. Sans doute l’un des effets pervers de la mondialisation. Didier Knoll a également évoqué, avec les étudiants, l’absence de « mouvement », de « style », au profit « d’individualités et de tendances » : « or, la tendance est un effet de mode, alors que le style est affirmé ». Autre thème de réflexion soulevé par l’architecte : « un vêtement prend vie lorsqu'il est habité ». A l'instar d'une maison lorsqu'elle est investie par ses habitants... Il n’est pas fréquent, en France, qu’un archi pousse spontanément la porte d’une école liée à la mode. Le mélange des gens, des genres, des générations se fait rare. Or, c’est l’une des clés pour avancer, confronter, échanger, partager dans notre époque si formidable.
© créations du styliste Gareth Pugh