J’ai testé le salon de thé Rose Bakery, au 2ème étage du Bon Marché à Paris, à l’heure du déjeuner. D’emblée, j’ai cru que j’avais été téléportée dans un dessin de Jean-Philippe Delhomme. Les types, tous en costards noirs, barbus de quelques jours et lunettes à grosse monture sur le nez. Bref, l’uniforme. Sans forme. Côté nanas, pas une sans une brassée de shopping bags : Chanel, Prada, Vuitton, Hermès, Chercheminippes… elles venaient de tout dévaliser. Une fois à table, ils restent entre eux. Elles, entre elles. Pas de mixité. Ils parlent de leur boulot. Elles, de leurs copines. Les solitaires se rabattent sur leur smartphone. Une emmerdeuse grogne parce que « le poulet n’est pas assez cuit ». Un hypocondriaque, qui n’a pas aimé « le dernier Woody Allen », commande un plat du jour « sans tomate, ni pomme de terre, ni sauce » -on se demande ce qu'il va rester dans l’assiette ?!-. Et une excentrique, en souliers vernis couleur parme, commente le divorce de sa voisine de palier : « elle s’est séparée d’une façon très adulte. Rien d’étonnant à ça : elle bosse dans le management… ». Epoque vraiment formidable. Au fait : la salade était bonne et le thé de Chine excellent. L’addition, en revanche, un peu salée -17 euros-, mais service et spectacle étaient compris.