« On ne naît pas Parisien, on le devient ». C’est l’un des arguments du site My Little Paris, qui s’offre une expo en plein air dans la capitale à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 28 août. Cette phrase détournée en slogan me dérange. Car je pense exactement l’inverse. Je suis née à Paris et je reste Parisienne même à l’autre bout de la planète ou à 90 minutes de TGV de la rue de Rennes. C’est justement parce que j’ai traîné dans les rues de Paris enfant, ado, lycéenne, puis étudiante que je ne vois pas la ville comme quelqu’un qui n’arriverait qu’à 25 ou 30 ans. Pour un entretien d’embauche. Pour un job. Pour booster sa carrière. Voir la ville avec des yeux d’enfants ou d’ado, c’est l’apprivoiser, prendre ses repères, trouver ses repaires, fouiner chez Gibert, flâner au Luco, trainer au Champo : époque formidable ! Le provincial ou l’étranger ne devient pas Parisien. Il s’habitue au rythme de la ville, à ses couleurs, ses odeurs, ses saveurs. Il se fond dans un moule et dans la foule. C’est tout. Mais il n’aura jamais la sensation du gamin qui rentre de l’école en traversant le jardin des Plantes. De celui qui prend son goûter sur les marches de Montmartre. Ou de celle qui attend son tour aux balançoires du Luco… On nous vend les illustrations et les textes de My Little Paris comme une vision juste de la capitale d’aujourd’hui. Or ce n’est qu’un instantané de caricatures copiées-collées, qui pensent la même chose, mangent la même bouffe, s’habillent et se meublent dans les mêmes impostures pseudo vintage, sont accro aux mêmes vélos. Je suis née à Paris et je ne me reconnais pas au milieu de tout ça. Pourtant, une cinquantaine de dessins signés Kanako –l’illustratrice de My Little Paris- envahissent déjà les rues de la capitale. Avec le soutien de la mairie.