9 heures 20, place de la Bastille à Paris. Ce matin là, il y avait un rayon de soleil. J’étais installée au Café Français, le dernier né de la famille Costes. Non, pas les frères. Mais le père, Gilbert, et le fils, Thierry. Alors oui, d’aucuns ont déjà critiqué le lieu, pour sa carte –trop classique-, sa déco –trop clinquante-, son ambiance –trop « business »-. Pour ma part, j’ai fait abstraction de tout ça. Le lait chaud à la vanille était extra –époque formid’-, le service de qualité, la salle plutôt calme et la vue sur la place dégagée, fluide, belle. Avec une préférence certaine pour la partie véranda du bistrot. Un espace particulièrement réussi par l’architecte India Mahdavi, qui a travaillé sur ce projet avec la complicité du studio M/M. Puis, un type est entré. En jeans, baskets, souriant. Un parisien ? Oui, oui… un p’tit gars, passe-partout, un certain Louis Benzoni qui avait rendez-vous avec Thierry Costes. Et pour cause : vainqueur du prix AD Nouveaux Talents, ce set designer a été dépêché pour transformer le premier étage du Café Français. Audacieux, inventif, il en a fait un espace à mi-chemin « entre la brasserie Le Vaudeville et l’ancien Drugstore Publicis des Champs-Elysées ». Avec un sol et des banquettes –inspirées de celles des diners américains- recouverts d’un motif dessiné par Ruhlmann en 1925, à cheval sur l’Art nouveau et l’Art déco. Un mélange des genres pour un mélange de gens. C’est bien vu par un type qui n’en met pas plein la vue. Et pourtant Benzoni a bossé pour Hermès, Chanel, Yves Saint Laurent, Mercedes, Vogue, Harper’s Bazaar… J’ai donc quitté le Café Français réconciliée avec Paris, ses visages, ses figures, ses petits déjeuners ensoleillés. Au fait, celui du Français est à 12 euros, pour une boisson chaude, un jus de fruits pressés et deux longues tartines avec beurre et confiture.
Café Français : 3 place de la Bastille, 75004 Paris. Ouvert tous les jours de 7h à 2h.
© Emilie Gentils