Il est mort, le poète. Ça m’a fait un truc. Parce que j’ai appris Ma Liberté au collège. Et parce que j’ai rencontré l’auteur-compositeur-interprète chez lui, dans son duplex sur l’île Saint-Louis, à Paris, en 2001. Il avait 66 ans et venait de publier sa première… série noire, Petite rue des Bouchers (éditions de Fallois). Un polar dont l’intrigue se passait dans le Bruxelles des années cinquante. Chez lui, j’ai trouvé une tasse de café vide posée sur une table basse, des étagères remplies de bouquins et de disques, une collection de guitares, un piano noir, un accordéon posé par terre. En arrivant, j’ai cru entrer dans la Maison bleue chantée par Le Forestier : pas de code à la porte, de la joie partout, des sourires, de la lumière, de l’air… On a parlé. De tout, de lui, mais aussi d’Anne Sylvestre, de Nilda Fernandez, de Louise Attaque –groupe de rock, qu’il suivait de près à l’époque-… Je me souviens aussi de ses propos : « le petit écran ne me sert qu’à regarder de bons films. Je boude toutes les émissions de variétés, car je les trouve extrêmement vulgaires. Elles n’ont plus rien à voir avec le Discorama de Denis Glaser, qui permettait de dénicher des talents comme Ferré ou Gainsbourg ». Chez lui, on était ailleurs… et pourtant en plein Paris. Epoque formidable.