C’était un dessinateur et un illustrateur comme on n’en fait plus : drôle, audacieux, élégant, impitoyable avec celles et ceux qui préfèrent la suffisance à l’impertinence. Philippe Bertrand est mort. C'était un ami : j’ai le souvenir d’avoir traîné à La Palette, rue de Seine, avec lui et l'écrivain Philippe Vilain, jusque tard le soir -époque formidable-. Tous les trois nous aimions défaire et refaire le monde. Ce monde de la rive gauche parisienne, dont nous nous moquions et pourtant c’est bien dans un salon feutré du Lutétia que j’ai fait la connaissance de Philippe Bertrand. C’était en 2005. Depuis, j’ai dévoré tous ses bouquins : les plus érotiques comme les plus pudiques. Car il était capable de créer pour les adultes comme pour les enfants. Un vrai talent. Je ne passerai jamais plus devant le Lutétia, ni dans la rue de l’Abbé Grégoire -où il habitait- comme avant. Tchao « Philippo ». C’est comme ça qu’il a signé le mail qu’il m’a envoyé, le 6 avril. Je ne savais pas que ce serait le dernier.