Aller déjeuner avec trois étudiantes d’une école hôtelière relève de l’expérience. Parce que chaque plat est passé au crible. Au décodeur. Parce que les commentaires de Stéphanie, Audrey et Elise, en Licence pro « hôtellerie de luxe » au lycée Albert de Mun, à Paris, sont plus affûtés, plus acides, plus pertinents que n’importe quel billet de chroniqueur gastronomique. A midi, j’ai donc déjeuné avec elles chez « Eh oui », nouveau snack chic situé 62 rue de Babylone. Jolie déco de bistrot. Toilettes impeccables. Dessins de pommes sur les murs. Cuisine ouverte sur la salle. Une carte de tartes. Un excellent pain servi dans une ravissante corbeille. Sourires de la patronne. Bonne ambiance et bon départ. Mais les choses se sont vite gâtées : plat du jour en rupture de stock à 12h20, vue imprenable sur le string gris de la serveuse au moindre de ses mouvements –époque formidable-, des tartes dont la pâte n’avait rien de « fait maison », de la salade en sachet avec cheveux à volonté, des betteraves et lentilles « made in METRO », du riz au lait puisé dans un seau en plastique –merci la cuisine ouverte !- , un crumble à la farine de blé noir aux allures de hachis parmentier et une tarte fine au citron où Stéphanie a cherché désespérément… le citron. Bon appétit, les amis ! « Vous prendrez un café ? » « Non, sans façon ». Nous avons payé 59,20 euros (pour 4 tartes salés, 2 riz au lait, 1 crumble + 1 tarte sucrée), puis filé vers la sortie. « Je suis autodidacte », a eu le temps de nous confier la patronne. On s’en était douté. Agacées, sans être rassasiées, les étudiantes n’avaient qu’une envie : dire à cette mère de famille que l’on n’ouvre pas un resto juste avec un logo et une déco. Il faut aussi un pro derrière les fourneaux.