Il n’est sorti que dans quatre salles parisiennes. Et aujourd’hui le film de Jacques Doillon, « Le mariage à trois », n’est plus à l’affiche que dans un seul cinéma du quartier latin. Misère. Pire : une fois dans la salle, on ne dépasse pas la dizaine de spectateurs et au milieu de la projection, on entend la porte s’ouvrir et se fermer, car des gens sortent pour ne pas revenir. Désolation. Et ce d’autant que ce long métrage est une petite merveille. Certes on bavarde beaucoup, mais ce n’est pas du vent. Les dialogues de Doillon sont soignés, percutants, déroutants, comme les paroles d’un psy au début d’une analyse : on s’en prend plein la tronche. On dit séance de ciné et séance chez le psy, ce n’est pas un hasard. Quant à cette vérité plaquée brutalement sur grand écran, c’est elle que les spectateurs fugueurs refusent d’entendre jusqu’au bout. Dommage. Mais époque formidable quand même : des acteurs comme Julie Depardieu et Pascal Greggory acceptent de se mettre en danger dans ce type de production à la fois dans la marge, à petit budget et ultra confidentielle. Ça rassure.